La rivière de nos amours - André De Toth - critique

Critique : Ce long métrage fait partie des westerns dits "pro-Indiens" tournés à cette période. Il est dû à l’un des spécialistes du genre, André De Toth, souvent considéré comme un simple bon faiseur, alors que certaines de ses réalisations, celle-ci, par exemple, rivalisent facilement avec celles de ses contemporains Anthony Mann ou John Ford.
En quelques plans, le décor est planté : Johnny Hawks, grand connaisseur du monde indien et de la nature, est aussi un pacifiste convaincu. Très vite, il va comprendre que certains de ses compatriotes, par appât du gain, sont prêts à bouleverser une paix fragile instituée entre les deux communautés. Non seulement il doit œuvrer au bon déroulement du voyage des colons, mais il est aussi amoureux d’Onahti, la fille du chef indien. Il va devoir ménager ses amis sioux, contenir deux chercheurs d’or sans foi ni loi, et convaincre le commandant du fort voisin de suivre ses conseils non belliqueux.
Sur un scénario de Ben Hecht, le récit touffu, sans temps mort, mais qui affiche une certaine nonchalance, est peuplé d’une galerie de personnages marquants et bien campée : les deux escrocs avides d’or sont interprétés avec une fausse bonhomie par Walter Matthau et Lon Chaney Jr, deux trognes inoubliables ; un homme de troupe (Elisha Cook Jr.), traîne son gros appareil photographique en s’extasiant sans cesse sur la beauté des lieux ; une mère de famille, qui voyage avec les colons, n’est pas insensible au charme de Johnny. Celui-ci aura bien du mal à se défausser pour ne pas répondre à ses avances. Étonnamment, c’est à Diana Douglas, ex-épouse de Kirk, que le rôle a été confié.
La belle Indienne, qui fait tourner la tête au héros, est incarnée par le mannequin italien Elsa Martinelli, dont c’était la première incursion au cinéma.
Kirk Douglas, pour la première fois également producteur, est admirable, grâce à son jeu plutôt sobre, ce qui n’est pas toujours le cas.

Le premier titre français de ce très bon western, L’or des Sioux, était beaucoup plus approprié que le mièvre La rivière de nos amours, qui dessert totalement l’esprit du long métrage.