Le 13 juillet 2016
De Toth fait d’un scénario bancal un beau western à la mise en scène inventive.
- Réalisateur : André De Toth
- Acteurs : Barbara Hale, Broderick Crawford, Lloyd Bridges
- Genre : Western
- Nationalité : Américain
- Editeur vidéo : Sidonis Calysta
- Durée : 1h25
- Titre original : Last of the Comanches
- Date de sortie : 12 janvier 1954
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– Sortie DVD : le 27 mai 2016
Résumé : En 1876, les Indiens de la tribu des Comanches sont les derniers à toujours lutter contre l’homme blanc, avec Nuage Noir à leur tête. Après une confrontation dont les Comanches sortent victorieux, il ne reste plus que six des soldats envoyés par les blancs. Le sergent Trainor escorte les survivants. Rejoint par une diligence où se trouve la belle Julia, le petit groupe va devoir rester soudé alors que l’eau commence à manquer et que les attaques se répètent...
Notre avis : Peut-être les réalisateurs ne sont-ils jamais aussi grands que dans des films mineurs, quand ils ont à lutter contre des scénarios faibles ou des problèmes de budget et qu’ils deviennent ce que Martin Scorsese appelle des « contrebandiers ». C’est le cas de De Toth, dont certains westerns, au premier rang desquels La chevauchée des bannis, figurent au panthéon du genre. Avec Le sabre et la flèche, il part d’une histoire ayant déjà servi deux fois et qui cumule les stéréotypes pour l’amener vers autre chose, une sorte de quintessence du western, détournant par sa seule mise en scène tout ce qui peut apparaître figé et conventionnel. On est ici d’accord avec Bertrand Tavernier qui, dans les bonus, illustre ses propos par des exemples que nous ne reprendrons pas, tout en recommandant chaudement son intervention.
Le scénario repose sur une idée simple, un « survival » qui voit un petit groupe d’hommes tenter de rejoindre un fort dans un désert, se battant à la fois contre les Indiens et la soif. Linéaire, comportant des passages obligés dont l’intervention finale de la cavalerie, il pose des problèmes a priori insolubles pour une série B aux petits moyens et à la distribution solide mais de moindre renom. Or De Toth utilise sa patte pour travailler ce matériau initial ; il serait fastidieux de lister ces procédés surtout sans les relier à la vision générale qui leur ôte toute gratuité. On s’en tiendra donc à quelques points qui nous semblent essentiels.
Prenons la première halte du groupe, qui donne lieu à des déceptions et une tension entre les personnages. Les déceptions, c’est d’abord l’absence d’eau, mais elle en rejoint d’autres, comme la cavalerie qui n’est en fait constituée que de six hommes, ou la diligence fleuron du savoir-faire qui s’ensable rapidement, et devient une trame souterraine du film. Quant aux tensions, elles sont mises en scène par une remarquable gestion de l’espace : que ce soit des travellings incessants qui placent les personnages selon des rapports de force et qui seront davantage développés dans les séquences de la mission en ruines, ou des plans complexes (contre-jour, découpage depuis l’intérieur de la diligence) qui, au-delà d’une esthétique recherchée, installent avec raffinement des liens humains. De même De Toth utilise-t-il le corps massif de Broderick Crawford en le jetant contre un soldat qui veut tirer sur un jeune Indien ; à la fois figure implacable d’autorité et protecteur paternel, le sergent n’échappe pas au doute, mais prône en toute circonstance une dignité exemplaire. Dans cette optique, le cinéaste lui fait proférer des répliques sèches et rapides qui lui confèrent ce rôle de chef, d’abord contesté, puis rallié par tous.
Visant avant tout la concision, il joue du cadre pour installer des significations qui ne seront explicitées par le scénario que plus tard : ainsi le traître est-il en arrière-plan au moment de la découverte d’armes, ce qui crée visuellement un lien entre le personnage et les fusils. D’une manière générale, De Toth ne cesse d’exploiter cet arrière-plan, qui peut constituer une menace (la présence d’Indiens) ou un élément repris par la suite (la croix qui surplombe la colline). Toujours sa mise en scène donne l’impression de devancer l’intrigue et de la complexifier.
Si les scènes d’action sont bien présentes, conformément au cahier des charges, si elles sont particulièrement bien menées, elles servent surtout de révélateur à ce qui intéresse au plus haut point le cinéaste, c’est à dire l’héroïsme des petites gens, prêtes à se sacrifier pour un idéal qui les dépasse. Au-delà des caractères simplistes (le bougon, l’affabulateur, le jeune naïf), c’est dans l’action que les personnages acquièrent la noblesse qui les élève ; les derniers plans sur les tombes ou les cadavres sont révélateurs de cette ambition ; nul second degré ou moquerie dans cette apologie du courage des humbles, mais un respect profondément humain qui fait de ce western au fond atypique une aventure intérieure à hauteur d’homme.
Les suppléments :
Les deux intervenants habituels, Bertrand Tavernier (27 minutes) et Patrick Brion (12 minutes) soulignent les qualités du film de manière complémentaire, ajoutant, l’un des remarques sur les relations entre De Toth et Zoltan Korda, l’autre des précisions sur les westerns de l’année 1952. La verve bien connue du premier et les détails historiques du second font ici merveille, sans redites excessives. À quoi s’ajoute la non moins habituelle galerie photos.
L’image :
<21123> Malgré ce que proclame la jaquette du DVD, il ne semble pas qu’il y ait eu restauration : divers parasites, un halo dans les plans larges en témoignent. Néanmoins, la copie est largement préservée, et en particulier les couleurs, pimpantes presque comme au premier jour.
Le son :
Là encore, les deux pistes (VO etVF mono 2.0) sont plutôt bien conservées, sans scories ni souffle ; la VO est cependant plus claire et aérée.
Galerie Photos
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