Le 27 janvier 2024
Panayotis Pascot nous offre dans ce livre la confirmation, après son excellent seul en scène, que sa plume est aussi directe que brillante.
- Auteur : Panayotis Pascot
- Collection : La Bleue
- Editeur : Stock
- Nationalité : France
- Date de sortie : 23 août 2023
- Plus d'informations : Site de l’éditeur
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Résumé : Humoriste précoce aujourd’hui comédien, entre autres activités artistiques, Pascot se livre sur la première partie de sa vie, entre rapport difficile au père, homosexualité et dépression.
Critique : Qu’il est rare de se laisser surprendre par une plume ! Qu’elle est agréable la sensation d’en avoir découvert une, qu’on aimerait voir nous accompagner de longues années. L’honnêteté oblige à mentionner Presque, précédent - et très drôle - seul en scène de Pascot, disponible sur Netflix. Il y révélait déjà, affolant de précocité, une sincérité et une justesse dans le choix des mots dont son livre est un beau prolongement.
Mais les temps ont déjà changé, alors même qu’il n’évitait ni le sérieux, ni la mélancolie dans son spectacle. Dans son livre, s’il ne s’interdit pas quelques légèretés de bon alois, Pascot engage son lecteur sur un autre sentier, exigeant, mais in fine salvateur, et d’une douceur amère. En effet, si la crise existentielle demeure au centre des préoccupations de son œuvre, la franchise et la noirceur dont il fait preuve obligent à prévenir que la lecture de La prochaine fois que tu mordras la poussière ne doit se faire qu’en étant bien averti. Cependant, il n’est certainement pas pas un livre qu’il faut ouvrir à reculons ou dans lequel on se replonge avec quelque effort à consentir. C’est bien là le superbe équilibre que Pascot manie dans son texte : la délicatesse augure la brutalité, la subtilité accompagne la mélancolie profonde, les traits d’esprit ponctuent les larmes d’effroi.
Le lire d’une traite, c’est se laisser porter par un courant d’une sensibilité lumineuse, habillée d’un verbe simple et profond, armée de juste ce qu’il faut d’ironie. Il décrit la tristesse avec une justesse ahurissante, sans la donner à ressentir. Au contraire, avec un recul exceptionnel sur son existence et un effort inouï d’introspection, il donne à voir la poésie du monde quand celui-ci est sombre et complexe. On sort de La prochaine fois que tu mordras la poussière avec plus d’énergie qu’en y entrant.
Et pourtant : Pascot nous livre sa difficulté à vivre son homosexualité, nous offrant avec une précision déconcertante les pensées qui le traversent, si nombreuses, qui questionnent les dogmes de la virilité et qui, si souvent, l’ont empêché de voir, d’embrasser ou de coucher avec un homme, malgré le désir. Celles, aussi, qui l’ont poussé vers une femme, malgré l’absence de désir. Et pourtant, que de non-dits entre son père et lui. Et pourtant, il nous invite sur le rebord de son balcon, le jour où il s’est vu quelques étages plus bas.
Somme toute, l’élan vital l’emporte. L’amateur de récits intimistes est conquis. L’amoureux de littérature aussi. Pascot touche du doigt l’universel et parvient à ne laisser rien d’autre qu’un sourire et une furieuse envie d’en profiter encore un peu. Le tour de force n’est pas loin du tour de magie.
Prix : 19,50 €
240 pages
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