Le 1er octobre 2018


- Scénaristes : Loïc VERDIER>, Matthieu Alexandre>
- Dessinateur : Loïc VERDIER
- Coloriste : Nicolas Vilet
- Genre : Aventure
- Editeur : Casterman
- Famille : BD Franco-belge
- Date de sortie : 29 août 2018
Coup de foudre pour une histoire qui mêle géopolitique, chamanisme et guerre à cheval.
Résumé : Parti pour un trip hippie à Katmandou en 1959 avec des amis, Albertus va se retrouver au cœur d’un conflit qui oppose les nomades Khampas aux forces de l’armée chinoise. Chevauchées épiques, dérives mystiques et réflexions philosophiques avec et sur un peuple méconnu, dans un Tibet qui mêle fiction et fantasme.
Un jeune européen n’a probablement jamais été un partenaire de la lutte Khampa, en contact avec les esprits et les forces surnaturelles, témoin de l’enlèvement du Dalaï-Lama et éphémère compagnon de Conan Doyle Junior... Probablement pas, mais cela vaut le coup de l’imaginer. Loïc Verdier a donc fait ce pari, à savoir tisser une trame fictive au cœur d’épisodes d’un conflit réel, en pleine guerre froide, entre agents de la CIA infiltrés et groupe d’intervention chinois. Au milieu, une timide histoire d’amour qui parcourt le livre, fuyante, incomplète, presque frustrante, comme le final du livre en quelque sorte, mais assez saisissante et impressionnante de vécu, comme le livre, là encore, au final. C’est un peu comme si tous ces personnages avaient existé, comme si les paysages étaient tirés de photographies, comme si les rites effectués par ces nomades étaient séculaires... Pourtant, deux de ces trois conditions sont vraies, et tout l’album se construit sur la confusion de la première condition, tant le héros Albertus a tout d’un futur dessinateur de BD, artiste cerné et au teint cireux, exalté et un peu lâche, doué d’une volonté farouche et d’un idéalisme passionné propre à l’artiste.
© Casterman
Cependant, le dessin n’obéit pas vraiment à cette logique réaliste, puisque si les décors ont un caractère détaillé, les couleurs se confondent, plaine rouge et montagne bleue, et obstruent cette impression de réel. De même, les personnages ont des mines enthousiastes, comiques, parfois caricaturales, surtout en voyant arriver le vieux sage du conseil, le shaman satyre ou le chef d’une tribu brutale. Les protagonistes, Albertus et Dolma en tête, échappent de peu à ce traitement, notamment la jeune femme, beauté sauvage qui évoquera forcément les balades d’un certain Jonathan. L’ambiance est totalement différente de l’œuvre de Cosey, ici le terme « farce » du titre est bien à propos, et même lorsque la BD s’embarque dans la géopolitique, Verdier le fait avec un trait satirique, évitant l’écueil du trop sérieux.
© Casterman
Tantôt drôle, tantôt profonde, fièrement engagée et légèrement aventurière, pour ne pas dire cavalière, La Farce des Hommes-Foudre est un album qui mélange les sentiments et les évocations, à la fois inspiration et respiration du monde.