Terre sans espoir
Le 27 février 2009
Présenté en 2007 à la Mostra de Venise, ce drame social sud-coréen épate par sa force humaine. Toutefois son radicalisme et son pessimiste en rebuteront plus d’un.
- Réalisateur : Jeon Soo-il
- Acteurs : Yu Yun-Mi, Jo Yung-Jin
- Genre : Drame
- Nationalité : Sud-coréen
- Date de sortie : 11 février 2009
- Plus d'informations : http://www.zootropefilms.fr/petite-...
– Durée : 1h29mn
– Titre original : Geomen tangyi sonyeo oi
Présenté en 2007 à la Mostra de Venise, ce drame social sud-coréen épate par sa force humaine. Toutefois son radicalisme et son pessimisme en rebuteront plus d’un.
L’argument : Dans un village minier de la province de Kangwon, la petite Young-lim, neuf ans, vit avec son père et son frère. Elle aime chanter des comptines, danser devant la télévision et jouer avec son grand frère, un peu attardé. Mais lorsque son père se retrouve sans emploi pour raisons de santé, son univers s’en trouve bouleversé. Elle doit alors s’occuper seule de son frère et du foyer familial. A sa manière.
Notre avis : Drame social sud-coréen, La petite fille de la terre noire, entre fiction et documentaire, s’attache à décrire la vie d’un village pauvre, isolé près de montagnes et d’ étendues froides. Il revient tout particulièrement sur les malheurs quotidiens d’une famille : un fils handicapé mental, un père paumé... Heureusement, la petite fille, certes une boule de nerfs, s’érige comme la source d’espoir d’une nouvelle vie. La représentation très fine de son monde intérieur se fait sobrement, en un minimum de plans. Elle évolue dans un environnement terne, celui du titre évoquant les mines et la pollution. La jeune Young-Lim marche jour après jour dans la neige fondante ou la boue des ruelles ruisselantes, agressives de puanteur. Un microcosme de misère et de solitude retranscrit de façon crue, sans aucune recherche d’esthétisme et sans enjolivement musical. Seuls quelques lieux sont à dissocier de la couleur du charbon, qui domine le village, aux reflets d’apocalypse. La pièce désaffectée où vivent les chatons, par exemple, représente l’un de ces rares endroits de douceur et de bonheur où l’enfant peut s’épanouir, si l’on écarte l’évasion commune qu’est la télévision.
A travers cette peinture, le cinéaste parvient à retranscrire les difficultés des classes ouvrières coréennes. L’évocation réaliste du travail minier, de la déchéance humaine et de la perte des repères (alcoolisme, agressions, etc.), se fait ici par le biais d’une caméra observatrice, focalisée sur l’enfant. Celle-ci sert de lien entre chaque situation. Mais, plutôt que de trop insister sur l’émotion, présente sans outrance, le film cherche ses ambitions dans le social et l’humain, au sens aride du terme. Ainsi vu, La petite fille de la terre noire, marqué par la justesse des jeunes comédiens, est une vraie réussite, pudique, à mille lieues de la tentation du misérabilisme. L’austérité est de mise, le cinéaste faisant montre d’un pessimisme sans espoir. Si l’œuvre engage notre réflexion avec subtilité, au final, dans toute cette dépression, on s’efforcera de garder en mémoire les sourires ensoleillés de la jeune fille.
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Marine Bénézech 22 février 2009
La petite fille de la terre noire - la critique
Un film qui se déroule à la manière de Wayne Wang et dont la noirceur du message fait penser à Allemagne, année zéro de Rosselini. Dans un décor épuré, d’une blancheur quasiment virginale, en opposition avec la violence intérieure de la petite héroïne, Jeon Soo-il nous plonge dans un univers bouleversé par la douleur et l’inconcevable. Superbe.