En avant jeunesse !
Le 29 avril 2024
Un témoignage personnel et rigoureux sur la situation économique et sociale de la Chine qui se positionne comme la clé de voûte de l’œuvre de Jia Zhangke.
- Réalisateur : Jia Zhangke
- Acteurs : Zhao Tao, Joan Chen, Lu Liping
- Genre : Documentaire
- Nationalité : Japonais, Chinois, Hongkongais
- Distributeur : Ad Vitam
- Durée : 1h47mn
- Titre original : Er shi si cheng ji
- Date de sortie : 18 mars 2009
- Festival : Festival de Cannes 2008
Résumé : Chengdu, aujourd’hui. L’usine 420 et sa cité ouvrière modèle disparaissent pour laisser place à un complexe d’appartements de luxe : "24 City". Trois générations, huit personnages : anciens ouvriers, nouveaux riches chinois. Entre nostalgie du socialisme passé pour les anciens et désir de réussite pour les jeunes, leur histoire est l’Histoire de la Chine.
Critique : Le film de Jia Zhang-Ke présente une Chine moderne en reconstruction mais encore décalée (et décadente) face aux démons du communisme qui la hantent. Dans la lignée de ses précédents opus, le cinéaste expose la vie de personnes simples désirant trouver leur place dans la société et vivre décemment. 24 City est une œuvre somme, l’apothéose de la filmographie du réalisateur chinois. Dans Platform, il nous présentait les espoirs et l’esprit de révolte de jeunes gens en opposition avec le système communiste. Avec Plaisirs inconnus, c’était dans l’ère post-dictature que des jeunes cherchaient à se faire une place dans le vaste monde. À travers Still Life le spectateur observait les pérégrinations de personnes mieux installées, en quête de leur alter ego. Jia Zhangke aurait pu s’arrêter à ce film. Mais en réalisant le documentaire 24 City, il nous démontre que réalité et fiction se fondent, que la logique et l’inspiration de son œuvre se trouvent au cœur même du peuple chinois qu’il connaît parfaitement. Seul le format documentaire pouvait rendre compte du quotidien et mettre un point final à sa fresque naturaliste quasi historique de la Chine post-Seconde Guerre mondiale.
- © Xstream Pictures
Pour témoigner de la Chine actuelle, le cinéaste s’est appuyé sur un cas particulier à valeur universelle. Jia Zhangke a réalisé un travail approfondi d’investigation et de suivi de la destruction d’une usine. Ici, pas de reconstitution, mais malgré tout une volonté de scénarisation. C’est chronologiquement que nous assistons à la disparition du bâtiment et à la reconstruction d’un luxueux complexe hôtelier. Les témoignages des anciens ouvriers interviennent dans un ordre rigoureux : commençant par des retraités, le réalisateur conclut son film sur de jeunes adultes. Nous assistons à un rite de passage : la Chine communiste s’effondre pour laisser place à une puissance mondiale, les anciens cèdent leur place à la nouvelle génération porteuse d’espoirs.
- © Xstream Pictures
Ce qui apparaît comme un désastre social et économique, est perçu comme la progression naturelle d’une situation sclérosée. Jia Zhangke filme la nature verdoyante, s’attarde sur les fenêtres et magnifie la nouvelle installation par d’insistantes contreplongées. La redondance du propos peut cependant entraîner le spectateur dans un certain ennui - le mérite essentiel étant que le métrage soit engagé sans pour autant être militant. Tout nous laisse à penser que le cinéaste entre dans une nouvelle cinématographie, toujours personnelle mais résolument portée vers l’avenir. Les dés sont jetés : en avant jeunesse !
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Norman06 19 mars 2009
24 City - Jian Zhangke - critique
On comprend les (louables) intentions du cinéaste : montrer l’évolution d’un pays prêt à tout pour entrer dans une pseudo “modernité”, quitte à abdiquer toute tentative de restaurer des liens sociaux communautaires. Mais contrairement à Joris Ivens ou Raymond Depardon, Jia Zhangle se complait dans la pause et l’accumulation de verbiages fastidieux qui limitent fortement la portée de son étude sociologique et politique. Le seul instant d’émotion a lieu quand l’actrice Joan Chen interprète avec conviction le rôle de “Petite Fleur”, une ouvrière évoquant son bilan désabusé de célibataire. Un instant de grâce dans un film trop sec et distancié pour entraîner une véritable adhésion.