Mémoire collective
Le 26 avril 2005
Une enfance sous le fascisme. Lyrisme et savoir mêlés, immersion complète assurée. Génialissimo !
- Auteur : Umberto Eco
- Editeur : Le livre de poche
- Genre : Roman & fiction, Littérature blanche
Une fois encore, l’étendue des connaissances d’Umberto Eco, mais surtout sa capacité à les transmettre, éblouit. Et lorsque le lyrisme se mêle au savoir, l’immersion dans cet univers foisonnant est complète.
Il suffit de s’attarder quelques secondes sur la couverture de La mystérieuse flamme de la reine Loana pour que notre curiosité soit piquée au vif. Que peut-il bien se cacher sous la mention "roman illustré" ? Quelle expérimentation - c’est ainsi qu’il définit chaque nouveau roman - Umberto Eco a-t-il encore menée ? Avec ce cinquième roman, le fameux directeur de l’Ecole supérieure des études littéraires de l’université de Bologne s’impose comme une encyclopédie vivante, un érudit insatiable dont l’étendue des savoirs ne semble pas connaître de limite. Une ironie savoureuse puisque le héros de ce roman se réveille amnésique d’un coma profond.
Qui est donc Yambo ? Etranger à lui-même à la suite d’un mystérieux accident, Giambattista Bodoni, n’a de cesse de se poser cette question depuis ce jour brumeux d’avril 1991. De sa famille, ses amis, son métier, son enfance, il ne lui reste rien : il a tout oublié. Aucune trace, pas l’ombre d’un souvenir vécu. Car c’est là toute l’étrangeté de son mal, si Yambo n’a plus le moindre souvenir anecdotique, son cerveau bouillonne de réminiscences littéraires : une mémoire de papier en quelque sorte. Pour tenter de se retrouver, Yambo n’entrevoit qu’une solution : retourner dans la demeure familiale et fouiller le grenier qui regorge de bandes dessinées, d’affiches de films, de magazines, de soldats de plombs, de vieux timbres... Autant de trésors qui marquèrent son enfance et construisirent l’adulte qu’il est devenu. Et lorsque l’on a grandi sous le fascisme, contraint à l’éducation mussolinienne schizophrénique - selon les termes de l’écrivain, l’importance de se créer ses propres mythes fondateurs, de D’Artagnan à Fred Astaire en passant par Buffalo Bill, s’affiche comme une évidence pour ne pas renoncer à ses rêves. Parce que les représentations qui naissent dans l’enfance restent gravées à jamais.
Et pour appuyer son propos, Umberto Eco ne lésine pas. Fidèle à son image de bourreau de travail exigeant, il enrichit son livre de multiples reproductions éclatantes de couleurs, celles des trésors que déniche Yambo au cours de son périple vers le passé. Chaque couverture, planche de comics est le signe manifeste du plaisir qu’a pris l’Italien à composer ce livre. Car c’est de composition plus que d’écriture qu’il s’agit : à l’instar d’un chef d’orchestre, le maestro Eco ne fait pas son autobiographie, mais la biographie d’une génération. Génialissimo !
Umberto Eco, La mystérieuse flamme de la reine Loana (La misteriosa fiamma della regina Loana, traduit de l’italien par Jean-Noël Schifano), Grasset, 2005, 492 pages, 22 €
Votre avis
Pour participer à ce forum, vous devez vous enregistrer au préalable. Merci d’indiquer ci-dessous l’identifiant personnel qui vous a été fourni. Si vous n’êtes pas enregistré, vous devez vous inscrire.
aVoir-aLire.com, dont le contenu est produit bénévolement par une association culturelle à but non lucratif, respecte les droits d’auteur et s’est toujours engagé à être rigoureux sur ce point, dans le respect du travail des artistes que nous cherchons à valoriser. Les photos sont utilisées à des fins illustratives et non dans un but d’exploitation commerciale. Après plusieurs décennies d’existence, des dizaines de milliers d’articles, et une évolution de notre équipe de rédacteurs, mais aussi des droits sur certains clichés repris sur notre plateforme, nous comptons sur la bienveillance et vigilance de chaque lecteur - anonyme, distributeur, attaché de presse, artiste, photographe. Ayez la gentillesse de contacter Frédéric Michel, rédacteur en chef, si certaines photographies ne sont pas ou ne sont plus utilisables, si les crédits doivent être modifiés ou ajoutés. Nous nous engageons à retirer toutes photos litigieuses. Merci pour votre compréhension.
harry carasso 31 mai 2005
La mystérieuse flamme de la reine Loana - Umberto Eco - La critique
Enthousiasmé par ce livre, j’ai voulu en savoir plus.
Page 250-251, Umberto Eco résume l’action d’un album de TIM TYLER, publié en 1935 par Lyman Young, qui ressemble étrangement au sujet de SHE, roman victorien de H. Rider Haggard publié en 1887 et porté six fois à l’écran.
Pourquoi Eco ne le dit pas ?
Tout simplement parce qu’il ne fait que résumer Young (1893-1994), seul
redevable pour le copyright de HRH.
Umberto Eco s’en est servi pour illustrer sa propre fascination vis-à-vis de la mort, et il a fait aussi bien que Bob Fosse dans son ALL ABOUT JAZZ.
Harry Carasso
Voir en ligne : http://avoir-alire.com
ovide 2 juin 2005
La mystérieuse flamme de la reine Loana - Umberto Eco - La critique
Franchement, je ne trouve pas qu’il y ait de quoi crier "Au génie" quant au dernier ouvrage d’Ecco.
Le génie, c’était "L’île du jour d’avant", "Le Pendule de Foucault", etc. C’était encore dans ses textes Esthétiques... mais franchement là ! Où a-t-il voulu nous ammener sous prétexte de tracer un énième trait sur le fascisme, si ce n’est être témoin de ses souvenirs.
Franchement décevant ! Encore plus difficile à dire quand on a pris l’habitude de tant de génie jusqu’alors !