La Marque des Anges, Miserere - la critique

Une nouvelle adaptation d’un roman de Jean-Christophe Grangé sur grand écran avec le tandem JoeyStarr et Gérard Depardieu, qui sans être entièrement ratée, ne déclenche cependant pas les passions.

L’argument : À Paris, Lionel Kasdan, commissaire de la BRI à la retraite, enquête sur un meurtre étrange : un chef de chœur a été retrouvé mort dans sa paroisse, les tympans détruits, sans qu’aucun témoin n’ait apparemment assisté à la scène. De son côté, Frank Salek, un agent d’Interpol menacé d’être mis à pied par ses supérieurs à cause de son comportement excessif, traque la piste d’une organisation secrète, spécialisée dans le kidnapping d’enfants. Lorsque Salek apprend la mort du chef de chœur, il pense avoir établi un lien avec sa propre enquête et accepte de faire équipe avec Kasdan. Mais plus l’enquête avance, plus Salek semble perdre pied, comme rattrapé par un secret jusque-là enfoui. Dès lors, les deux hommes vont plonger dans une affaire qui trouve sa source dans les heures les plus sombres de la Seconde Guerre mondiale...

Notre avis : Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il n’est jamais facile de tenter une adaptation d’un roman de Jean-Christophe Grangé au cinéma. Beaucoup s’y sont cassés les dents, on peut citer en exemple Les Rivières pourpres 2 : Les Anges de l’apocalypse d’Olivier Dahan, L’Empire des loups de Chris Nahon ou encore Le Concile de pierre de Guillaume Nicloux. Seul Mathieu Kassovitz avec le premier volet des Rivières pourpres et Jan Kounen avec le téléfilm Le Vol des cigognes pourront se targuer d’avoir fait un peu plus honneur à l’auteur de best-seller qui séduit partout dans le monde et ce jusqu’aux Etats Unis (une véritable exception pour un auteur français de thriller !).
Au tour de Miserere, roman sorti en 2008 de se voir porté à l’écran par Sylvain White, réalisateur franco-américain touche-à-tout dont l’essentiel de la carrière s’est construite outre-Atlantique. De l’inédit vidéo horrifique bas de gamme (Souviens-toi l’été dernier 3) au film de danse (Steppin’) en passant par le film d’action (The Losers) ou encore la série TV (un épisode des Experts : Miami et de Hawaii 5.0), le voici à présent aux commandes d’un polar noir hexagonal.

On y retrouve JoeyStarr (qui après Polisse et Max trouve petit à petit ses marques au cinéma), dans le rôle de Frank Salek, agent d’Interpol sous psychotropes pourchassant ses démons du passé et Gérard Depardieu dans celui de Lionel Kasdan, un commissaire de police de la BRI tout juste à la retraite qui va retourner très vite au casse-pipe suite à la découverte d’un chef de chorale assassiné, les tympans percés. Ensemble, ils formeront un tandem atypique (l’expérience d’un côté, la fougue de l’autre) pour une enquête sur fond de trafic d’enfants qui va les mener à traquer une secte fondée par des nazis expatriés de la Seconde Guerre mondiale. La recherche d’indices et de pistes pour faire avancer l’investigation est ici privilégiée aux dépens de l’action (les scènes de bagarres et fusillades se font rares), ce qui ici n’est pas forcément un élément qui dessert la tournure que prend le récit. Dans une ambiance glauque, le spectateur est tour à tour ballotté entre les quartiers les plus sordides de Paris et les salles d’expérimentations et de tortures d’anciens nazis ayant pour vocation de faire planer une légère sensation de malaise (perception cependant loin d’être retranscrite à l’écran avec la plus grande rigueur).

Malgré tous les efforts d’un duo séduisant d’écorchés vifs qui fonctionne à merveille, le film n’est pas exempt de reproches. En effet, si au départ l’intrigue mise en place nous captive facilement, il est un peu frustrant de la voir peu à peu s’essouffler et perdre finalement en intensité. L’absence de véritable twist efficace a de quoi décevoir puisqu’on devine assez facilement le déroulement de toute cette enquête. Le montage s’avère nerveux mais la réalisation s’apparente trop au format téléfilm de luxe à la française.
Au final, cette adaptation n’atteint jamais les hautes cimes des écrits de Grangé mais aura au moins le mérite d’offrir un honnête petit polar noir, pourvu d’un casting solide qui en dépit de certains défauts contentera un minimum les amateurs du genre sans qu’ils éprouvent une sensation de haute trahison à la sortie (on a déjà vu bien pire, pour ne pas citer L’Empire des loups...). L’auteur reste toujours une grande source d’inspiration pour le cinéma puisqu’il faut s’attendre à découvrir bientôt Le Serment des limbes (en salles) et Le Passager (à la télévision).