Le 7 février 2019
Étude de caractères plus que western, ce film singulier, s’il n’est pas exempt de faiblesses, bénéficie d’un James Cagney plus que convaincant.
- Réalisateur : Robert Wise
- Acteurs : Lee Van Cleef, Jeanette Nolan, Vic Morrow, Stephen McNally, James Cagney, Irène Papas, Don Dubbins, Onslow Stevens, James Bell, James Griffith
- Genre : Romance, Western
- Nationalité : Américain
- Distributeur : MGM / UA France, Metro Goldwyn Mayer France
- Editeur vidéo : Warner Home Video
- Durée : 1h35mn
- Date télé : 18 mai 2024 20:50
- Chaîne : Ciné+ Classic
- Box-office : 862 938 entrées France / 210 248 P.P.
- Titre original : Tribute to a Bad Man
- Date de sortie : 9 août 1957
L'a vu
Veut le voir
Résumé : En sauvant la vie du riche propriétaire terrien Jeremy Rodock, Steve Miller gagne un ami. Rodock lui présente sa femme Jocaste. Terrifiée par la violence dont fait preuve son mari à l’égard des voleurs de chevaux, elle envisage même de partir avec Steve.
Critique : Dès le monologue initial, La loi de la prairie se place sur un terrain psychologique : on sent que ce western narré par le jeune Steve Miller ne reposera pas sur une action débridée, mais sur le témoignage attentif d’une double initiation ; pour Steve, ce sera l’apprentissage de l’amour et d’un dur métier, pour Rodock, qu’il rencontre dans les premières minutes en situation périlleuse, une humanisation progressive. Au milieu, une femme, Jocaste, au lourd passé, seule dans ce milieu d’hommes, incarnation d’une tentation permanente. Le scénario ose d’ailleurs décrire de manière assez explicite la frustration sexuelle des cow-boys en même temps que leur condition de vie difficile : la séquence où, amassés dans un dortoir, ils écoutent Jocaste chanter dit clairement leur misère.
Sur un territoire qu’on ne quittera pas (le film commence quand Steve y pénètre, il se clôt quand il en part), Rodock règne d’une main de fer : traquant les voleurs de chevaux pour les pendre lorsque lui en vient la « fièvre », à la bouche une perpétuelle rebuffade ou une moquerie, c’est un patron implacable qu’un James Cagney vieillissant incarne à la perfection. Même âgé, le comédien imprime à son personnage une hargne farouche qui lui fait retrouver les accents de ses glorieux rôles passés (L’ennemi public, Les fantastiques années 20), quand il jouait les brutes teigneuses. Bien sûr, on devine vite des failles dans ce personnage antipathique : non seulement il est amoureux de Jocaste et maladivement jaloux, mais encore son attachement aux chevaux, sa tendresse mal déguisée et ambiguë pour le fils de son ex-associé ou pour Steve en qui il voit un fils de substitution le rendent presque émouvant, notamment dans la scène où Jocaste l’abandonne pour Steve, avec sans doute une allusion à la mythologie grecque (symboliquement, elle épouse son fils). Loin d’être tout d’une pièce, Rodock incarne autant l’autorité que la peur de ce qui la menace. Il fait partie d’un monde finissant (un personnage secondaire évoque les temps à venir où on n’aura plus besoin de chevaux), archaïque dans ses jugements expéditifs ou dans sa manière de traiter les hommes et la femme. Subtilement, Wise offre à Cagney un rôle crépusculaire qui donne au film une teinte mélancolique et une belle densité.
Le réalisateur joue habilement du CinemaScope, aussi bien pour les vertes prairies que pour la disposition des acteurs dans le champ, mais il est également à l’aise quand il met en scène une bagarre à poings nus ou la longue et douloureuse marche punitive qui termine quasiment le métrage. En revanche, ses fusillades manquent de souffle et il ne peut gommer les accès théâtraux d’Irene Papas. De même la toute dernière séquence, happy-end obligé, n’évite-t-elle pas la lourdeur conventionnelle. Mais à tout prendre, on peut considérer que La loi de la prairie est un western atypique et attachant. La même année, les spectateurs pouvaient voir entre autres La prisonnière du désert, Le jugement des flèches ou Sept hommes à abattre ; le métrage de Wise n’est pas de ce niveau, mais il n’est en rien déshonorant.
Votre avis
Pour participer à ce forum, vous devez vous enregistrer au préalable. Merci d’indiquer ci-dessous l’identifiant personnel qui vous a été fourni. Si vous n’êtes pas enregistré, vous devez vous inscrire.
aVoir-aLire.com, dont le contenu est produit bénévolement par une association culturelle à but non lucratif, respecte les droits d’auteur et s’est toujours engagé à être rigoureux sur ce point, dans le respect du travail des artistes que nous cherchons à valoriser. Les photos sont utilisées à des fins illustratives et non dans un but d’exploitation commerciale. Après plusieurs décennies d’existence, des dizaines de milliers d’articles, et une évolution de notre équipe de rédacteurs, mais aussi des droits sur certains clichés repris sur notre plateforme, nous comptons sur la bienveillance et vigilance de chaque lecteur - anonyme, distributeur, attaché de presse, artiste, photographe. Ayez la gentillesse de contacter Frédéric Michel, rédacteur en chef, si certaines photographies ne sont pas ou ne sont plus utilisables, si les crédits doivent être modifiés ou ajoutés. Nous nous engageons à retirer toutes photos litigieuses. Merci pour votre compréhension.