La folie de Nietzsche - le documentaire

Notre avis : "Je ne suis pas un homme, je suis de la dynamite", proclame Nietzsche qui se filme avec un téléphone portable, prophétisant sa place dans l’histoire de la philosophie. D’abord, ce documentaire ne lésine pas sur les effets dramatiques, avant de se calmer un peu, pour centrer son propos sur la funeste récupération de la pensée nietzschéenne par l’idéologie nazie, à partir notamment du projet de livre La Volonté de puissance, à partir de fragments d’écriture utilisés par Elisabeth Nietzsche pour une véritable entreprise de falsification.
Ensuite, la perspective s’élargit d’une manière convaincante et se concentre à la fois sur la vie du philosophe, sa pensée, parfois réduite à quelques slogans ("suis ta propre voie", "deviens qui tu es"), son style à la fois métaphorique et aphoristique, ses problèmes de santé qui annoncent les dix dernières années crépusculaires.
Le film s’intéresse aussi à l’ambitieuse et opportuniste Elisabeth Förster-Nietzsche, admiratrice de Wagner - un antisémite déclaré -, et futur adhérente du NSDAP, qui épousa un autre agitateur violemment anti-juif, Bernhard Förster. Elle profita de la démence dans laquelle avait sombré son frère pour faire main basse sur ses écrits et créer, à sa façon, un culte malsain autour du philosophe alité, gagnant beaucoup d’argent, déformant son image pour servir ses propres intérêts, jusqu’à falsifier des documents manuscrits.
L’ensemble est instructif. Dommage que ce documentaire s’embarrasse de quelques reconstitutions grotesques, anachroniques.