Le 1er décembre 2020
Très inégal, ce thriller trop bien huilé porté par de grands acteurs manque singulièrement d’ambition.
- Réalisateur : Sydney Pollack
- Acteurs : Tom Cruise, Ed Harris, Hal Holbrook, Gene Hackman, Jeanne Tripplehorn, Gary Busey, Wilford Brimley, Holly Hunter
- Genre : Thriller
- Nationalité : Américain
- Distributeur : UIP (United International Pictures)
- Durée : 2h34mn
- Date télé : 4 septembre 2024 20:55
- Chaîne : RTL9
- Box-office : 270 248 367 $ (USA) / 1 291 726 entrées France / 381 397 Paris Périphérie
- Titre original : The Firm
- Date de sortie : 15 septembre 1993
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Résumé : À la fin de ses études de droit, Mitch McDeere, brillant élément, est sollicité par plusieurs grands cabinets d’avocats. Il fixe son choix sur Bendini, Lambert & Locke, qui lui offrent les conditions les plus avantageuses. En contrepartie, il devra, comme chaque membre du cabinet, fournir quelque quatre-vingts heures de travail hebdomadaire. Il ignore encore qu’il vient de vendre son âme au diable.
Critique : Après l’échec de Havana, Sydney Pollack tenta de retrouver les grâces du public en réalisant l’adaptation du best-seller de John Grisham. D’une certaine manière, il y réussit, le film étant une belle opération commerciale. Mais on peut également soutenir que La firme, s’il n’a rien de déshonorant, sonne le glas des ambitions d’un cinéaste, celui de On achève bien les chevaux, Jeremiah Johnson ou Out of Africa. Rien dans la fin de sa carrière ne sera vraiment digne de ces œuvres passées.
Pourtant, à la vision de ce thriller, la maîtrise de Pollack ne fait aucun doute : il faut du talent pour se sortir d’un scénario aux enjeux aussi abstraits et donner du corps à une intrigue complexe, parfois confuse, sans que le spectateur n’ait à enregistrer une somme colossale d’informations. À rebours, il ne parvient pas à gommer les artifices du scénario, ni à limiter des dialogues excessifs – La firme reste une œuvre bavarde d’un bout à l’autre. La distribution hors-pair l’aide : Gene Hackman et Ed Harris sont épatants, et l’encore jeune Tom Cruise convainc dans un rôle plus nuancé qu’il n’y paraît ; il sauve son personnage de la caricature à de nombreuses reprises même si des tics sont déjà présents (les mains en avant, notamment).
Plus gênant, le rythme pâtit d’une deuxième partie un peu lâche, entre un début intrigant et une fin palpitante : les premières séquences (le recrutement du jeune avocat, les soupçons sur la firme) laissent présager un grand thriller paranoïaque.
- © 1993 Paramount Pictures - Tous droits réservés.
Magnifique idée que ce monde lisse et aseptisé où chacun semble prêt à aider le couple débutant. Le scénario distille savamment des indices : les phrases répétées, la porte qui se ferme, l’étrange disparition de deux avocats, la maison déjà meublée, autant de signes que la femme comprend ou devine, alors que Mitch se laisse griser par sa réussite. Mais ce milieu opaque se dévoile trop tôt et l’ambiguïté se dissipe trop vite. Il y a pourtant de belles séquences inquiétantes, comme celle dans laquelle un avocat se fait arroser sans même s’en rendre compte dans son jardin. Par moments, Pollack retrouve d’ailleurs cette dimension angoissante ; trop souvent, elle se résume à un suspens assez banal : Mitch parviendra-t-il à cacher qu’il a ouvert la porte qu’il ne fallait pas ouvrir ? Abby arrivera-t-elle à remettre une clé dans le pantalon d’Avery ?
En outre, les scénaristes utilisent des ficelles un peu voyantes, en réutilisant des informations présentées lourdement : le garçon qui fait des cabrioles, le camion qui bloque la rue, les infidélités d’Avery… De même ont-ils chargé la barque avec le personnage du frère et des agents de FBI irascibles.
C’est vers la fin que l’efficacité réapparaît, lorsque la machination de Mitch se met en place et que Pollack use savamment du montage alterné. Plusieurs séquences sont haletantes : Mitch poursuivi par l’albinos, la méprise fatale qui s’ensuit, bref tout ce qui relève de l’action pure délestée de dialogues explicatifs et techniques. On n’en dira pas autant d’un final plutôt mièvre et convenu.
En sous-texte, La firme aborde des thèmes moins juridiques que moraux comme la responsabilité ou le fait de devenir adulte. Mais là encore le film manque de densité : il n’est ni une grande œuvre initiatique ni la dénonciation d’un système. Plutôt un suspens habile bien qu’un peu froid, ce qui ne laisse pas de décevoir de la part de Pollack. On admirera l’utilisation des décors extérieurs ou telle séquence (les révélations de Gene Hackman sur sa femme). Mais au bout du compte l’impression d’être passé à côté d’un métrage puissant sur la manipulation et la corruption est tenace.
- © 1993 Paramount Pictures - Tous droits réservés.
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