Le 23 septembre 2017
Méta-film amusant, La fête à Henriette séduit par son procédé autant que par sa légèreté et sa distribution.
- Réalisateur : Julien Duvivier
- Acteurs : Paulette Dubost, Julien Carette, Louis Seigner, Michel Auclair, Dany Robin, Daniel Ivernel, Henri Crémieux, Saturnin Fabre, Jacques Eyser, Jeannette Batti, Alexandre Rignault, Claire Gérard, Hildegard Knef, Michel Roux, Odette Laure
- Genre : Comédie dramatique, Noir et blanc
- Nationalité : Français
- Distributeur : Cinédis
- Editeur vidéo : Pathé Vidéo
- Durée : 1h58mn
- Date télé : 25 août 2022 21:00
- Chaîne : OCS Géants
- Box-office : 1.322.123 entrées France / 375.261 entrées Paris Pérophérie
- Date de sortie : 17 décembre 1952
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Résumé : Deux auteurs se disputent l’histoire d’une jeune fille qui tombe amoureuse le soir du 14 Juillet, la faisant passer du drame à la comédie.
Critique : Très original en son temps (et il l’est resté), La fête à Henriette repose sur un procédé qui le structure totalement : deux scénaristes imaginent un film que l’on voit à l’écran, avec propositions, changements, remords et histoire « véritable ». On voit ainsi alternativement la création en actes, pendant que la vie des deux querelleurs déroule son quotidien ; et les modestes aventures d’Henriette, partagée entre son fiancé et un voleur séduisant. Cette hésitation rehausse l’intrigue qui n’a pas grand-chose d’original tant et si bien qu’on s’amuse plus des disputes incessantes que du destin de la rêveuse héroïne ; il faut dire que Louis Seigner et Henri Crémieux s’en donnent à cœur joie, cabotinant (surtout le second) avec un malin plaisir, réduisant leurs femmes lassées au silence. On a souvent dit que le premier représentait Henri Jeanson, et le deuxième Duvivier lui-même ; c’est sans doute caricatural, mais d’autant plus savoureux que Crémieux-Duvivier ne cesse de privilégier le suspense et le dramatique outrancier, vus à l’écran en plans débullés (ou obliques), et de se faire rabrouer.
Certes, tout cela est très léger, frais, jusqu’aux génériques, et sans grande ambition : mais au passage le film distribue des coups de griffes multiples, que ce soit à la censure, au cinéma américain ou aux hommes politiques ; de même accumule-t-il les références (soulignées dans le bonus), se payant jusqu’au luxe d’une fausse Arletty. C’est qu’au fond le film a quelque chose d’un art poétique mineur, incarné par les deux scénaristes et leur réflexion sur le cinéma et ses clichés.
Il y a bien sûr d’autres raisons d’apprécier La fête à Henriette ; on aimera retrouver un Paris d’un autre temps, populaire et grandiose, ou une galerie d’acteurs remarquables, avec des seconds rôles aussi réjouissants que Carette, Saturnin Fabre, aussi étranges que Hildegarde Neff. De même les dialogues de Jeanson, toujours savoureux, contiennent-ils des pépites comme « la vie est plus vide que la tête d’un adjudant-chef », ou encore « avec une écuyère, c’est pas de l’amour, c’est du cirque ». L’ensemble, répétons-le, est plaisant et se savoure aisément. Mais le film atteint également ses limites par la faiblesse de l’histoire d’Henriette qui prend plus d’importance dans la seconde partie, et par le systématisme du procédé qui, sur la longueur, patine quelque peu. Reste qu’on n’en finit pas de redécouvrir Duvivier, auteur protéiforme et toujours rigoureux : après des intrigues sombres, il se révélait dans des comédies (La fête à Henriette est ainsi tourné entre deux Don Camillo) avant de revenir à des drames puissants. Étrange, inabouti mais original, ce film mérite largement d’être vu, même si on est loin d’un chef-d’œuvre ignoré.
Le test DVD
Les suppléments :
Eric Bonnefille analyse le film en un entretien très charpenté (les circonstances, l’aspect de pastiche, les acteurs, le tournage et la réception) de 25 minutes. Bien qu’un peu scolaire, l’exercice est complet et agréable à suivre.
L’image :
Par moments, l’image montre son âge : léger ternissement, définition moyenne. Mais dans l’ensemble, la restauration 4K redonne éclat et profondeur au noir et blanc. Ni griffures ni parasites ou outrages du temps.
Le son :
La piste Mono DTS-HD Master audio est soignée, avec des dialogues clairs et beaucoup de présence. Malgré tout, les voix ont parfois quelque chose d’éraillé et la musique est stridente. Mais là encore, l’absence de souffle, la vigueur retrouvée l’emportent aisément.
– Sortie combo Blu-ray + DVD : 13 septembre 2017
Galerie photos
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