Le 25 janvier 2020
Gaëlle Nohant signe un joli roman, entre portrait de femme libérée et fresque d’une époque révolue.


- Auteur : Gaëlle Nohant
- Editeur : Grasset
- Genre : Roman
- Date de sortie : 2 janvier 2020
- Festival : Rentrée littéraire 2020

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Résumé : Paris, 1950. Eliza Donneley se cache sous un nom d’emprunt dans un hôtel miteux. Elle a abandonné brusquement une vie dorée à Chicago, un mari fortuné et un enfant chéri, emportant quelques affaires, son Rolleiflex et la photo de son petit garçon. Pourquoi la jeune femme s’est-elle enfuie au risque de tout perdre ?
Notre avis : Après un portrait de Desnos, Gaëlle Nohant continue son exploration du Paris du siècle dernier et atterrit cette fois dans les années 1950, racontant le destin d’une femme qui prend sa vie en main, libérée, enfin révélée à elle-même.
Eliza est devenue Violet en survolant l’Atlantique. Elle a abandonné son fils, son nom, son prénom, son passé à Chicago pour débarquer vide de tout à Paris, ouvrant un nouveau chapitre à l’histoire de sa vie. Dans la capitale de l’après-guerre, Violet, armée de son « Rollei », rencontre et tire le portrait de nombreux personnages, participant tous à l’atmosphère désuète du Paris d’alors. Ils donnent de l’authenticité au roman, ainsi que ce petit côté rétro charmant. L’auteure révèle d’ailleurs s’être énormément renseignée sur les rues de la ville, sur ses habitants et sur le pouls qui était alors le sien. Il battait au rythme des clubs de jazz, des pas précipités des filles de joie, des rencontres insouciantes. Les blessures se referment peu à peu, la ville est enfin libérée, comme les femmes qu’évoque Gaëlle Nohant. Et puis, en filigrane, c’est aussi le destin de la Windy City qui se profile, la lutte pour les droits civiques, contre les ghettos et leur délabrement, le racisme. En effet, des va-et-vient sont effectués entre souvenirs et présent pour livrer le passé d’Eliza, expliquer ce qui l’a amenée à tout laisser derrière elle, y compris son Tim, la chair de sa chair qui ne quitte pas ses pensées.
Le tourbillon des mots emporte le lecteur, ballotté entre langueur parisienne et folie américaine, entre le krach boursier de 1929 et le Lincoln Park de 1968, entre la douceur de la Seine et les rives agitées du lac Michigan. Ce roman tient en haleine jusqu’aux dernières lignes, il fait voyager dans le temps, à travers les frontières et les océans. L’auteure écrit une époque, les violences et les plaisirs, signant une œuvre douce-amère, intelligente et frappante.
Gaëlle Nohant - La femme révélée
Éditions Grasset
384 pages
141 x 206 mm