Le 27 janvier 2024
Le premier long métrage en tant que réalisateur d’Abdellatif Kechiche est réellement attachant et comporte les germes de son œuvre à venir.
- Réalisateur : Abdellatif Kechiche
- Acteurs : Sami Bouajila, Élodie Bouchez, Bruno Lochet, Aure Atika, Carole Franck, Olivier Loustau, Mustapha Adouani
- Genre : Comédie dramatique
- Nationalité : Français
- Distributeur : Rezo Films, Mission
- Durée : 2h13mn
- Reprise: 28 février 2024
- Date de sortie : 14 février 2001
- Festival : Festival de Venise 2000
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– Reprise en version restaurée : 28 février 2024
Résumé : Jallel, un jeune Tunisien, immigre clandestinement en France. Il se présente sous la fausse nationalité algérienne afin d’obtenir le plus rapidement un permis de séjour. Accueilli dans un centre d’aide sociale, Jallel s’adapte bien à Paris où il fait toutes sortes de petits boulots dans les rues et le métro parisien. Il rencontre deux jeunes femmes : Nassera, une jeune mère célibataire qui travaille dans un bar et Lucie qui souffre de troubles psychiatriques. Les joies de l’amour et les problèmes identitaires, financiers et légaux de Jallel vont parsemer son parcours en France. Il songe notamment à se marier avec Nassera pour être régularisé...
Critique : Il s’agit du premier long métrage d’Abdellatif Kechiche, qui jusque-là avait été remarqué comme acteur dans Le thé à la menthe d’Abdelkrim Bahloul ou Les innocents d’André Téchiné. Le récit démarre sur des chapeaux de roues, avec une réjouissante séquence qui voit le protagoniste tenter d’obtenir une demande d’asile, même provisoire. Sur les conseils de contacts, Jallel, Tunisien, décide de se faire passer pour un Algérien persécuté s’étant fait voler ses papiers lors de la traversée de Méditerranée : « C’est plus facile avec la mauvaise conscience des Français vis-à-vis de l’Algérie », assènent ses pairs. D’autant plus que la France, lui dit-on, croit avoir inventé la liberté et les droits de l’homme. Entre l’esprit consensuel et sarcastique de Todelano/Nakache dénonçant la précarité dans Une année difficile, l’humanisme d’un Ken Loach et le ton en liberté des cinémas de Pialat ou Cassavetes, La faute à Voltaire est un long métrage à la fois audacieux et d’une redoutable efficacité.
- © 2023 Flach Film / Mission. Tous droits réservés.
Rétrospectivement, le film annonce aussi l’univers postérieur de Kechiche. Le sort réservé à Jallel, qui connaîtra la vie en foyer, l’internement psychiatrique, puis la peur d’être contrôlé par la police, rejoint le parcours compliqué de la Vénus noire, même si le protagoniste a un sort plus enviable, partageant des moments d’amitié et d’idylle amoureuse. Les scènes intimistes, explicites bien que relativement sobres, sont les prémices des passages ouvertement sexuels de La vie d’Adèle ou Mektoub My Love : Canto uno. Quant au lien communautaire, il sera également au centre de La graine et le mulet. Au-dela de ses qualités d’écriture et de filmage, La faute à Voltaire est aussi un formidable film d’acteurs, en particulier les seconds rôles. Carole Franck en directrice de foyer bienveillante incarnera la professeure de lettres dans L’esquive, quand Bruno Lochet ou Olivier Loustau sont les dignes héritiers de figures pittoresques campées naguère par Carette, Le Vigan ou Raymond Bussières dans l’âge d’or du cinéma français en noir et blanc.
- © 2023 Flach Film / Mission. Tous droits réservés.
Dans le rôle principal, Sami Bouajila se montre grand comédien, après avoir fait ses preuves dans Bye-Bye de Karim Dridi ou Drôle de Félix de Ducastel/Martineau. En revanche, la narration ne gagne pas à passer du personnage féminin de Nassera (excellente Aure Atika) à celui de Lucie, le jeu pénible et excessif d’Élodie Bouchez en jeune femme souffrant de troubles psychiques entachant quelque peu la seconde partie. Présenté à la Mostra de Venise en 2000, La faute à Voltaire y fut récompensé par le Lion d’or de la première œuvre et le prix de la jeunesse, et obtint d’autres distinctions aux festivals d’Angers et Namur. Nous ne pouvons que louer l’initiative du distributeur Mission de le ressortir sur les écrans dans une version restaurée. Et espérons que le cinéaste pourra mettre en œuvre d’autres projets, lui dont le dernier opus reste le controversé Mektoub My Love : Intermezzo.
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