Messie au pays du soleil levant
Le 9 juin 2004
Entre policier et quête spirituelle, Eliette Abecassis cafouille un peu dans ce troisième opus.
- Auteur : Eliette Abecassis
- Editeur : Le livre de poche
- Date de sortie : 8 mars 2006
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"Je mêle enquête policière et quête spirituelle en me fondant sur le côté initiatique du polar." C’est en ces termes qu’Eliette Abécassis évoque les aventures d’Ary Cohen. Un dogme qui fait merveille dans les deux premiers épisodes, autant qu’il cafouille dans ce troisième opus, La dernière tribu.
Eliette Abécassis n’a même pas trente ans lorsqu’elle publie son premier roman. Qumran connaît alors un succès fulgurant et surtout invente un genre littéraire peu pratiqué (qui n’est pas sans rappeler le Nom de la rose d’Umberto Eco), mêlant polar, quête spirituelle et métaphysique, et érudition. Son héros, Ary Cohen, jeune juif orthodoxe que l’on retrouve dans La dernière tribu, y menait une enquête théologique sur les origines du christianisme. Un thriller palpitant suivi par Le trésor du temple, tout aussi haletant. Inutile de dire à quel point le troisième volet des aventures du brillant étudiant - mais aussi soldat, scribe et messie pour certains - était attendu.
Ary Cohen est chargé (cette fois par le Mossad) de résoudre un grand mystère : le corps d’un homme, assassiné il y a 2000 ans, a été découvert dans un sanctuaire shintoïste près de Kyoto. Aucune raison apparente pour que les services secrets israéliens ne s’y intéressent. Sauf que... La victime tenait entre ses mains les morceaux d’un des manuscrits de Qumran. Si déjà l’argument policier vous semble tiré par les cheveux, vous n’êtes pas au bout de vos surprises. Car pour mener à bien son enquête, Ary Cohen entame un long périple des grottes de Jérusalem aux temples bouddhistes japonais et tibétains, en passant par les tatamis de kung-fu. Sa route croise celle de geishas, samouraïs, agents de la CIA, rabbins... Il y en a tellement que tout se mélange. Et c’est précisément ce qui pèche dans La dernière tribu : la théorie d’Abécassis ne se tient pas (Japonais et Hébreux auraient la même origine) et la façon dont elle établit certains rapprochements entre les signes ou des fondements religieux relève plus du bricolage. On aurait pu y croire si l’écriture avait été aussi pointue et exigeante que dans les deux premiers épisodes. Mais sa virtuosité et sa rigueur intellectuelle se sont perdues dans ce dédale de rebondissements. La mécanique s’épuise. Et nous aussi.
Eliette Abécassis, La dernière tribu, Albin Michel, 2004, 320 pages, 19,50 €
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