Le 28 avril 2018
Un DVD très riche pour ce sujet passionnant, traité par un documentaire bien mené et par des bonus particulièrement soignés.
- Réalisateur : Claudia Collao
- Genre : Documentaire
- Nationalité : Français
- Editeur vidéo : ESC Éditions
- Durée : 52mn
- Date de sortie : 3 mai 2018
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Résumé : Ami de Göring, Alfred Greven, homme mystérieux, fut mandaté par Goebbels pour créer en France, sous l’Occupation, avec des capitaux allemands, la société de production Continental Films. La firme finança une trentaine de films qui demeurent parmi les meilleurs de la période (les films de Clouzot, mais aussi ceux de Maurice Tourneur, Henri Decoin, André Cayatte ou Christian-Jaque). Qui était donc Greven, patron du plus novateur des studios français, né dans la plus sombre des époques ? Le documentaire de Claudia Collao enquête sur celui qui resta toujours muet à propos de ce studio dont il ne reste aucune archive.
Notre avis : Le film se fonde sur un paradoxe bien connu du cinéma de l’Occupation : comment Alfred Greven, envoyé par Goebbels pour créer des œuvres anodines, voire sottes, afin d’endormir les Français, a-t-il pu produire La symphonie fantastique ou, surtout, Le corbeau ? Mais ce paradoxe ne débouche que sur des mystères : qui était vraiment Greven, dont il reste peu de traces, dont on ne connaît quasiment rien, que ce soit sur sa vie intime ou son enfance ? Pourquoi a-t-il accepté Jean-Paul Le Chanois, sachant qu’il était juif, et radié d’autres ?
À vrai dire, le documentaire n’apporte que peu de réponses à ces énigmes fascinantes, d’autant que les archives de la Continental ont disparu. Mais les questions qu’il pose, et les focus sur certains films (Le corbeau, La main du diable) ou certaines personnalités (Harry Baur, Clouzot) ravivent la mémoire des cinéphiles, même si on apprend relativement peu de choses. Tout de même, le projet de Greven de créer à Mesnil-le-Roi une cité du cinéma qui ne verra jamais le jour est peu connu.
Au total, dans ces quelques cinquante minutes, on aura un aperçu rapide mais sérieux de ce que fut la Continental, et quelques précisions sur Greven. Malgré la forme très classique (entretiens / archives) et grâce au sérieux des informations et de beaux graphismes, ce documentaire allègre vaut largement d’être vu.
Les suppléments :
Très inégaux, ces bonus comportent d’abord un commentaire audio de la réalisatrice, du monteur et du producteur : ils s’entendent bien, sont très satisfaits, mais pas toujours passionnants. La filmographie de la Continental est utile, comme les précisions supplémentaires de Bertrand Tavernier, Pascal Merigeau et Jean Ollé-Laprune sur le buste d’Hitler, la réception du Corbeau et le rôle du parti communiste (14mn30). Enfin, morceau de choix, un documentaire de Serge Korber fait le tour du cinéma de l’Occupation, beaucoup plus largement : la voix-off fait montre d’humour et d’ironie, mais le film est érudit et très riche. Des grands oubliés comme René Dary ou Gaby Morlay côtoient Prévert, Carné, Guitry ou Gabin, des succès de l’époque rivalisent avec Les enfants du paradis, et nombre d’anecdotes dont certaines tragiques ajoutent au charme de cet essai très stimulant. Paradoxe : on en apprendra plus sur Greven dans ce bonus que dans le film-phare (2008,1h20mn).
L’image et le son :
La notation n’a pas grand sens : entre des archives plus ou moins bien conservées et les entretiens très télévisuels, rien d’indigne ni d’enthousiasmant.
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