Le 8 septembre 2021
Entre satire tendre et instantané du Brooklyn italien des années 1990, La cité des marges confirme l’attachement de Boyle pour ces mafieux et leurs mamas plantureuses.


- Auteur : William Boyle
- Editeur : Gallmeister
- Genre : Roman
- Nationalité : Américaine
- Traducteur : Simon Baril
- Date de sortie : 2 septembre 2021
- Plus d'informations : Le site de l’éditeur

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Résumé : Brooklyn, années 1990. Donnie Parascandolo, flic brutal et corrompu, rend des services à un truand local avec deux comparses. Décidé à donner une petite leçon à un joueur minable, il outrepasse quelque peu ses instructions et jette l’homme d’un pont. Malheureusement, le joueur minable ne savait pas nager. Ce qui n’empêchera jamais Donnie de dormir. Il sait bien que dans ce quartier les Italiens règlent leurs affaires entre eux, et que lui n’a rien à craindre de personne. Mais quelques années plus tard, un gamin que Donnie avait tabassé découvre une vérité qu’il n’avait jamais imaginée et prend une décision qui va changer sa vie. Et pas seulement la sienne, tant les destinées des habitants de ce quartier s’entremêlent de toutes les manières possibles.
Critique : Après L’amitié est un cadeau à se faire et son féminisme le faisant osciller entre Thelma et Louise et un bon Scorcese, William Boyle renoue avec le Brooklyn des années 1990, celui où se côtoient mafieux et mamas italiennes, les dernières parfois mariées aux premiers. Cette fois, les perspectives qui se mêlent sont plus nombreuses, les hommes ayant plus que leur part dans cette répartition. Donnie, flic ripou, est également un père en deuil ; Donna pleure elle aussi son fils et se reconstruit loin de son mari aux agissements douteux ; Ava tâche de secouer Nick, tanguy de vingt-neuf ans ayant toujours l’espoir d’écrire un scénario qui le fasse goûter au succès ; Rosemarie, elle, tente d’éponger la dette de son mari, (plus ou moins) soutenue par Mikey, devenu l’homme de la maison malgré son jeune âge, ceci dit toujours plus avancé que celui d’Antonina, la belle aux cheveux roses…
Les personnages se tournent autour, emplis de contradictions, leurs pensées et leurs remords s’étalant sur la page, venant compléter ceux de leurs voisins ou connaissances. Quand ils se confrontent, les dialogues sont acérés, d’une justesse teintée de cynisme. La plume est quant à elle très visuelle – et tout aussi sonore, vestige du passé de disquaire de William Boyle qui jalonne ses chapitres de références à Bruce Springsteen et à Otis Redding, à Garland Jeffreys et à Joni Mitchell. Roman choral où tous les destins finissent par se croiser, se recroiser et s’emmêler, ce récit peint un quartier et une époque, entre fresque fidèle et satire tendre, parvenant à allier l’odeur métallique du sang, celle du feu et les effluves des pâtisseries italiennes encore tièdes.
William Boyle - La cité des marges
Gallmeister
432 pages
24,40 Euros