Hommage à Burt Reynolds (1936-2018)
Le 6 septembre 2018
Quand Catherine Deneuve s’exportait aux USA aux côtés de Burt Reynolds, Chez Robert Aldrich...
- Réalisateur : Robert Aldrich
- Acteurs : Catherine Deneuve, Burt Reynolds, Ben Johnson, Eddie Albert, Eileen Brennan
- Genre : Policier / Polar / Film noir / Thriller / Film de gangsters
- Nationalité : Américain
- Durée : 1h58mn
- Titre original : Hustle
- Date de sortie : 24 mars 1976
L'a vu
Veut le voir
– Reprise en version restaurée : le 19 août 2015
L’argument : Gloria Hollinger est retrouvée morte sur une des plages de Malibu. Sur les instances de son supérieur, Philip Gaines, le lieutenant chargé de l’enquête, est sur le point de classer l’affaire en pensant qu’il s’agit d’un suicide. Cependant, il poursuit officieusement ses recherches à la demande des parents de la victime.
Notre avis : D’un cinéaste qui a révolutionné le western (Vera Cruz), le thriller (En quatrième vitesse), qui a réalisé d’aussi grands films que Attaque ou Qu’est-il arrivé à Baby Jane ?, on attend beaucoup, même si on sait que sa fin de carrière fut plus médiocre. Aussi La Cité des dangers est-il une relative surprise. D’abord par son rythme apparemment nonchalant, qui sacrifie l’enquête (peu d’action, peu de suspens et, au fond, une enquête inutile) à une observation désabusée d’un monde qui change. Ce monde, Aldrich ne l’aime pas : l’invasion de l’écran télévisé (déjà), mais surtout le manque de grandeur, la corruption généralisée et le mépris des petites gens qui suscitent un regret répété d’une époque plus noble, ce qui nous vaut nombre de répliques sur le mode « c’était mieux avant ». Mieux la considération des femmes et le comportement des jeunes filles, mieux l’amour (voir l’extrait d’Un Homme et une femme), mieux aussi le cinéma : les références à Bogart et Ava Gardner sonnent comme un regard attristé sur ce qu’Hollywood est devenu. Car la vie du héros, Phil Gaines, remarquablement interprété par Burt Reynolds, s’entoure de sordide ; entre sa relation avec une prostituée (Catherine Deneuve), les bandits récidivistes qui sortent de prison, les petites frappes minables et l’avocat criminel intouchable, il désespère des institutions et va jusqu’à maquiller un crime. Décidément, rien ne va plus aux USA. On retrouve ici le ton contestataire des années 70, mais sur un mode plus mélancolique que violent.
- © Swashbuckler Films
En multipliant les tête-à-tête, Aldrich observe des personnages minés par leur passé qui se racontent ; chacun souffre de blessures encore à vif et de sombres secrets. Plutôt que de se contenter d’un présent sordide, visualisé par des intérieurs décatis, Phil rêve de sortir Nicole de la prostitution et de s’envoler vers Rome. Comme dans L’Impasse de De Palma, ce rêve d’un ailleurs se heurte à une réalité noire, et la fin du film, désespérée, en sonne le glas absurde.
On trouvera dans cette œuvre bavarde beaucoup de dialogues sentencieux (« Tout le monde racole », « on cherche tous une baleine blanche et quand on la trouve elle nous tue », ou « parfois, on ne distingue pas les chrétiens des lions »), qui creusent cette vision sombre et tentent de lui donner une grandeur morale, au prix de nombreux gros plans mettant en valeur des visages las. C’est la nostalgie qui domine, et la musique, fréquemment diégétique, renforce cette impression (voir la chanson d’ Aznavour, Hier encore, chantée en anglais) en imprégnant le film d’une tonalité attristée.
Ceux qui cherchent un thriller violent en seront pour leurs frais ; La Cité des dangers a d’ailleurs été un échec, le miroir dépressif qu’Aldrich tendait à ses compatriotes étant sans doute par trop négatif. Mais quarante ans après, on peut être séduit par cette vision sans compromis et la torpeur qui affecte la plupart des personnages. Sans doute même la patine du temps renforce-t-elle la valeur du film, car le monde dont il nous parle est aussi et encore le nôtre.
- © Swashbuckler Films
Galerie Photos
Le choix du rédacteur
Votre avis
Pour participer à ce forum, vous devez vous enregistrer au préalable. Merci d’indiquer ci-dessous l’identifiant personnel qui vous a été fourni. Si vous n’êtes pas enregistré, vous devez vous inscrire.
aVoir-aLire.com, dont le contenu est produit bénévolement par une association culturelle à but non lucratif, respecte les droits d’auteur et s’est toujours engagé à être rigoureux sur ce point, dans le respect du travail des artistes que nous cherchons à valoriser. Les photos sont utilisées à des fins illustratives et non dans un but d’exploitation commerciale. Après plusieurs décennies d’existence, des dizaines de milliers d’articles, et une évolution de notre équipe de rédacteurs, mais aussi des droits sur certains clichés repris sur notre plateforme, nous comptons sur la bienveillance et vigilance de chaque lecteur - anonyme, distributeur, attaché de presse, artiste, photographe. Ayez la gentillesse de contacter Frédéric Michel, rédacteur en chef, si certaines photographies ne sont pas ou ne sont plus utilisables, si les crédits doivent être modifiés ou ajoutés. Nous nous engageons à retirer toutes photos litigieuses. Merci pour votre compréhension.