La chambre du fils - Nanni Moretti - critique

Critique : On imagine à peine le navet larmoyant qui aurait pu ressortir d’un sujet pareil : une famille pleine de bonheur, équilibrée, où chacun a sa place, se retrouve soudainement menacée d’implosion après la mort accidentelle du fils. Heureusement, aucun violon chez Nanni Moretti, aucune larme facile. Sa Chambre du fils aurait pu s’appeler Le mal du père (Le mal de mer aurait été de mauvais goût) : Giovanni, un psy joué par Moretti lui-même, est omniprésent. Comme s’il s’agissait de rattraper son absence de ce dimanche maudit, quand il n’avait pu aller courir avec son fils en raison d’une consultation qu’il aurait pu refuser, et qu’Andrea était allé plonger avec ses copains. L’accident, Moretti ne le montre pas. Ce qui l’intéresse, ce sont les remords de Giovanni, les silences, les fêlures qui se créent au sein du couple, les traces que laisse cette absence soudaine. Il filme le tout avec une pudeur extrême. Avec une limpidité et une précision contrastant avec l’agitation et le désarroi dans lesquels se trouve Giovanni. Avec des interprétations (la sienne, mais aussi celle de la mère, Laura Morante) remarquables. Et avec un dernier plan de toute beauté sur une mer qui promet des jours apaisés.