Une bouée de sauvetage est demandée…
Le 7 avril 2020
« On ne change pas une équipe qui gagne ». Sauf que cette nouvelle saison de La casa de Papel est l’exception qui confirme la règle. Dommage. Mais l’espoir fait vivre…
- Série : La casa de Papel
- Acteurs : Itziar Ituno, Álvaro Morte, Pedro Alonso, Úrsula Corberó, Alba Flores, Miguel Herrán, Esther Acebo, Darko Peric
- Nationalité : Espagnol
- Durée : 8 épisodes de 43 à 60 minutes.
- VOD : NETFLIX
- Date de sortie : 3 avril 2020
- Plus d'informations : La casa de papel
Résumé : Le Professeur et son équipe qui se sont retrouvés pour libérer Rio et élaborer un nouveau plan aussi audacieux que dangereux pour un nouveau casse encore plus délirant, continuent là où on les avait laissés en juillet (ont-ils pris des vacances ?).
Notre avis. Un proverbe en marketing dit « il faut toujours donner sa chance au produit » ! Promis, juré, mais pas craché (surtout en ce moment), à la rédaction on a regardé jusqu’à la dernière minute et son ultime cliffhanger cette quatrième partie d’une des séries vitrine de Netflix. Comment dire… ?
Chers lecteurs nous ne spolierons rien. Même si une suite est très certainement dans les tuyaux (on ne voit pas très bien comment cela ne pourrait pas être autrement - là, oui, demi-spoiler) ; de toute façon, il ne vous aura pas échappé que le premier casse de la Fabrique nationale de la monnaie à Madrid était calé sur 24 épisodes. Difficile d’imaginer que les nouvelles aventures du Professeur et de sa bande échappent à cette règle : sa première partie, diffusée l’été dernier, comportait huit épisodes et cette deuxième partie disponible depuis ce 3 avril en comporte également huit. On vous laisse faire le calcul et en tirer toute conclusion. En juillet, nous qualifions Casa de Papel de « méta-truc » du genre, bien tordu et long. Le genre étant celui du film de casse.
Comme la prod s’est cassé grave les pieds à la faire, vous y allez y avoir encore droit… »
- Copyright Netflix
Pourquoi aimons-nous (généralement) ces histoires de casse, alors qu’on sait parfaitement que ce qui est y montré est quasi impossible sur le plan matériel, technique, financier ou juridique ? Il suffit de revoir Sans arme, ni haine, ni violence (2007) de Jean-Paul Rouve, biopic d’Albert Spaggiari, le cerveau du rocambolesque « casse du siècle » de la Société générale à Nice, en 1976, avec creusage de tunnel, camping pendant un week-end dans la salle des coffres et impressionnante logistique, pour réaliser que ce n’est pas aussi facile et fluide. Spaggiari a été en cavale pendant des années et fini ruiné. Alors pourquoi gobe-t-on, les casses surréalistes de la saga des Ocean’s ou le premier de Casa de Papel, qui mettent en œuvre des moyens dignes de la NSA, des technologies dont on ne se demande même pas si elles existent vraiment, sans oublier, parfois, un joyeux mépris des lois élémentaires de la physique à faire retourner les ossements de Newton ou Maxwell dans leurs tombes ? Parce que cela va vite, très vite, les situations critiques sont résolues au pas de charge précisément pour qu’on n’ait pas à réfléchir, que si un matheux se dit « oui, mais selon le premier principe de la thermodynamique, c’est pas possible, même si le cerveau a dit… », une petite voix lui répond « non, Coco, oublie, pas le temps » ! Car, outre le rythme indispensable au genre, il y a également une règle corollaire : ne pas s’encombrer de sous-intrigues et autres états d’âme. Bref, focus sur le braquage, sa haute technologie pour faire face à tout, y compris les imprévus, et même les imprévus dans les imprévus.
- Rio, t’es pénible, avec des « si » on mettrait Madrid en bouteille ! »
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C’est précisément cette « règle » du genre que respectait la première « opération » Casa de Papel, malgré un long format, impliquant nécessairement quelques intrigues secondaires, mais à dose homéopathique. Le mécanisme narratif centré sur des flashbacks, exposant comment chaque situation avait été prévue, maintenait la tension pour enchaîner twists et cliffhangers. Et donc, comme nous l’écrivions, livrer un bon divertissement bien badass, qui se regardait en mode régressif. Et c’était le cas de la première partie diffusée l’été dernier, malgré quelques réserves sur un ton qui se prenait un peu trop au sérieux, avec pseudo discours politico-économiques « anti système ».
Hélas, ce travers trop sérieux, qui était supportable grâce au méga-surréalisme du nouveau casse, sa tension et son furieux final, prend tellement le dessus dans ces nouveaux épisodes que certains finissent par être positivement laborieux. Du coup, les ficelles qu’on gobait avant sans trop sourciller (mode régressif, on rappelle), apparaissent au grand jour, et même salement grosses, à tel point qu’on se pose des questions du genre « euh ? ils ont un télétransporteur comme dans Star Trek ». L’ennui s’installe insidieusement. Et de ces bouts de ficelles on commence à tirer les fils et à ruminer : mais au fait, comment ils ont trimbalé, blanchi et planqué le milliard d’euros du casse précédent ? Et comment ils ont échappé à ceci ou cela ? Et pourquoi les flics ne font pas ça ? Si bien que le pire qui puisse arriver à une intrigue de braquage s’installe entre le canapé et l’écran : on n’y croit plus.
- Zut ! Allez, tu entres, c’est écrit dans le scénario… Moteur, action !
- (pétard, mais rien ne les arrête ??) »
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Les scénaristes, en voulant donner plus de psychologie à leurs personnages, se sont fourvoyés dans ce qu’il ne fallait surtout pas faire : non seulement les états d’âme de chacun et chacune présentent peu d’intérêt, mais ils sont caricaturaux, mal écrits, du coup mal interprétés et n’apportent rien, ou plus ennuyeux, servent pour la création ou la sortie de situations critiques qui frisent le ridicule, voire le comique : comme savoir parfaitement ajuster un tir au lance-roquettes, mais être capable de rater à cinq au fusil mitrailleur, comme on dit familièrement, une vache dans un couloir.
Malgré une réalisation toujours de bonne facture, c’est sur un sentiment de tristesse que s’achèvent ces nouveaux épisodes, témoins d’un véritable naufrage dont seul le plan final, d’une tension maximale, nous laisse espérer une future bouée pour sauver de la noyade Rio, Denver, Tokyo et une galerie de personnages auxquels on s’était finalement attaché, y compris les enfoirés de service, et les tics, cette fois pénibles, du Professeur.
Alors, bon courage aux producteurs et scénaristes !
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Manu67 9 avril 2020
La casa de papel (saison 4) – la critique de la série
Si les revirements de situation qui ont fait l’image de marque de cette série sont toujours là, ils deviennent malheureusement de moins en moins crédibles et de plus en plus prévisibles, le scénario est de plus en plus tiré par les cheveux et surréaliste (Breton est passé par là ?), ajoutons à ça de terribles longueurs et on frôle la crise de foie (pour ne pas dire de foi !). L’affection pour les personnages créée lors de la saison 1 reste malgré tout présent que nous sommes comme à une fin de réveillon de Noël à nous dire, au moment du dessert, "je n’en peux plus ... Bon juste une part". Attaché aux personnages, je n’ai pas eu le courage de me dire "Coupez"
thaumasnot 29 avril 2020
La casa de papel (saison 4) – la critique de la série
Je préférerais ne pas mettre de note car je n’ai regardé que 25 minutes de la saison 4 (qui est en fait la seconde partie de la saison 2, par ailleurs je rectifie ce qui est dit dans l’article, la première saison a eu 15 épisodes et non 24) mais ces 25 minutes ont malheureusement suffit à ce que ce que je craignais n’arrivât. La Casa de Papel a d’ores et déjà "sauté par dessus le requin" comme disent les américains quand une série part en vrille (référence à Happy Days pour ceux que ça intéressent). Les producteurs et scénaristes se sont heurtés au dilemme classique : "comment faire exactement la même chose parce que c’est que les gens attendent, tout en essayant de proposer autre chose parce que sinon ça va se voir". Eh bien on a vu. Même en admettant avec grande mansuétude le principe du second casse, rien n’est crédible et quand Nairobi s’est retrouvée sur la table d’opération et que les acteurs sont tous devenus aussi fort que l’équipe de Dr. House, j’ai laissé tomber avec un soupir mélange de dépit et de soulagement. Alors que sur le premier casse j’étais vraiment en phase avec les braqueurs, craignant pour leur vie, là soudainement j’avais presque envie qu’une explosion thermonucléaire fasse tout sauter. Ce sera sûrement pour la saison 5. Reste Úrsula Corberó, mais c’est une autre histoire...