La Belle Mort - La chronique BD

Voilà, pour 2018, l’occasion de découvrir ou de redécouvrir ce livre de Mathieu Bablet, qui a eu les faveurs du monde entier avec Shangri-La, son plus célèbre opus. Notez que nous sommes, avec cette histoire d’errance et de perdition, en pleine anticipation.

Un homme parcourt une ville désertée, à la recherche d’on ne sait trop quoi, tandis qu’un poème défile en parallèle de sa quête. Un poème qui nous fait comprendre tout de suite le contexte de cette histoire. Et soudain, surprise ! Mais pas celle qu’on attendait. Nous ne vous en dirons pas plus.
Si l’histoire passe savamment du présent au passé, et nous réserve de drôles de retournements, elle a le talent de nous distiller les informations au fur et à mesure.
Mathieu Bablet sait mettre en avant cette ville ruinée, abandonnée, dévastée, où errent un homme seul. Bien sûr,il ne restera pas seul longtemps. Et petit à petit, se dessinent les caractères des quelques personnages que nous allons côtoyer pendant ce périple. Car il s’agit bien d’un périple. Il faut survivre, trouver à manger dans un monde dépourvu d’habitants. Nos héros se débrouillent avec des conserves. Mais comme le signale l’un d’entre eux, leur vie risque fort de s’arrêter avec la date de péremption des boîtes de conserve.
La survie prime, mais la violence n’est pas loin, la folie rôde, les regrets guettent et l’incompréhension règne en maître. Vous voyez le programme de cette histoire sombre.

Graphiquement, Mathieu Bablet nous offre de magnifiques décors réalistes et de très belles perspectives et de l’autre côté, des personnages savamment stylisés. Ce qui nous donne un recul sur eux, heureusement, un recul qui ne suffit pas à nous éloigner de l’histoire.
Car le récit et son intrigue, ses questionnements nous gardent attachés à la lecture. Et lorsque l’errance se termine, on aurait presque voulu qu’elle dure encore.
Le prequel offert en bonus est dispensable et n’apporte pas grand-chose au récit, ni information clé, ni rebondissement ou surprise de dernière minute. Juste un clin d’œil pour ne pas quitter ce monde trop vite. A sa lecture, on comprend d’autant mieux que Mathieu Bablet a tout dit dans l’histoire et qu’il n’y a pas grand-chose à ajouter.
Le cahier graphique se révèle, lui, beaucoup plus intéressant. Dessins, maquette de page, recherche de personnages...