La Belle et la Bête - la critique du nouveau chef-d’œuvre signé Disney

Critique : Après avoir bercé nos jeunes années avec des dessins animés qui sont depuis devenus de véritables classiques qui se transmettent de génération en génération, la Walt Disney Company réalise ni plus ni moins depuis plusieurs années le rêve de tout fan : transformer des films d’animation en longs métrages avec prises de vues réelles. Ainsi, après Alice au pays des merveilles, Maléfique, Cendrillon ou encore Le Livre de la Jungle, Disney a choisi de proposer une nouvelle adaptation du conte La Belle et la Bête.
Si les différentes versions se sont succédées, entre l’adaptation de Jean Cocteau (1946), la comédie musicale de Broadway mais aussi une version française présentée par Christophe Gans (2014), avec Léa Seydoux et Vincent Cassel dans les rôles principaux, c’est à Bill Condon que Disney a confié l’adaptation de l’un de ses plus grands succès, paru sur les écrans français en 1992 et qui a reçu de multiples récompenses. Réalisé par Kirk Wise et Gary Trousdale, ce film d’animation est le premier film animé à avoir reçu une nomination à l’Oscar du Meilleur film.

© Walt Disney Pictures

L’intérêt du projet de 2017 est de proposer plus de réalisme, de creuser davantage l’histoire et surtout d’approfondir la personnalité des personnages. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que pour l’occasion, Disney a mis les petits plats dans les grands ! Tous les ingrédients sont réunis pour faire de ce film un véritable chef-d’œuvre de conte de fées. Casting, décors, costumes, musique…tous les éléments sont réunis pour réaliser le fantasy flick parfait. Le résultat est d’une beauté visuelle saisissante, ce qui concoure à la réussite totale de la transposition. Les prises de vue réelle apportent une vrai plus-value à une histoire que le grand public connaît par cœur.
Savant mélange entre motion capture, prises photo-réalistes de personnages tels qu’une théière qui parle mais aussi prises de vues des décors en extérieur, mais aussi images de synthèse, le film est facile à distinguer de son prédécesseur animé au premier coup d’œil. L’évolution est particulièrement notable pour le personnage de la Bête, qui devient soudainement bien plus crédible grâce à la performance capture et aux captures d’expressions faciales qui rendent le travail de l’acteur Dan Stevens saisissant de réalisme. Aidés par la technologie, les scénaristes ont ainsi cherché à rendre la Bête plus complexe mais aussi plus humaine ; elle n’est pas la seule à bénéficier de cette évolution, qui légitime la pertinence de cette entreprise live qui s’appuie sur un réel projet artistique au demeurant.

© Walt Disney Pictures

Si le leitmotiv de l’histoire de La Belle et la Bête a toujours été de privilégier le thème de la beauté intérieure, le film apporte un réalisme sans précédent qui nous aide à croire davantage à l’amour naissant entre les deux protagonistes. La psychologie des personnages devient plus claire et en apprendre plus sur leur passé permet de mieux comprendre leur personnalité. Avec une bonne dose d’autodérision et d’humour, qui donne le ton à un film pétillant qui nous en met plein la vue du début jusqu’à la fin, les personnages et leurs histoires se mettent en place dans des décors à l’esthétique soignée, dans la plus pure tradition des grandes comédies romantiques hollywoodiennes. La modernité de ton et d’esprit n’échappera pas au public, et expliquera notamment pourquoi le film est plus adapté aux adolescents et aux adultes qu’aux tout petits. La profondeur soudaine de personnages comme Gaston suscite forcément l’intérêt d’un public plus mature, qui appréciera la vraisemblance d’une adaptation qui s’éloigne du conte de fées pour inscrire de plein pied cette histoire dans la vie réelle.

© Walt Disney Pictures

L’énergie communicative transmise par un casting quatre pétales qui, de toute évidence, s’amuse follement, offre toute la légèreté nécessaire à une histoire qui possède ses parts d’ombres. Si Emma Watson semble transfigurer son propre caractère (féministe, moderne, bibliophile…) à son personnage, et que les interprètes qui se dissimulent derrière Miss Samovar, Lumière ou Big Ben, ont une voix si enthousiastes qu’ils cachent mal leur excitation, c’est plutôt le duo Luke Evans-Josh Gad que le public retiendra. Ils forment un duo irrésistible, entre l’arrogant Gaston et son fidèle acolyte LeFou. Les deux acteurs constituent un couple comique que le spectateur ne risque pas d’oublier de sitôt. Sans oublier le fait qu’ils chantent divinement bien. Car qui dit Disney dit toujours… musique !

© Walt Disney Pictures

Si la bande originale (Oscar de la meilleure musique) composée par Alan Menken sur des paroles d’Howard Ashman a été reprise intégralement dans cette adaptation (les deux scènes d’ouverture donnent le ton, en reprenant le célèbre prologue du dessin animé ainsi que la chanson Belle), quatre nouvelles chansons ont été intégrées, dont How Does A Moment Last Forever, attendue au générique de fin et interprétée par Céline Dion ; ultime touche de magie dans un film qui réserve de belles surprises. Entre chansons pop, traditions musicales et ballades lyriques, la musique rend effectivement un vibrant hommage au film de 1992.

© Walt Disney Company

Film choral d’une grande beauté, à l’humour débridé et à la mise en scène remarquable, La Belle et la Bête a tous les atouts pour devenir le prochain classique des studios Disney. Alors que sont annoncées les adaptations de Dumbo et de Mary Poppins, les films live ont le vent en poupe et s’ils sont tous d’une qualité aussi irréprochable que le long-métrage de Bill Condon, on ne peut qu’en redemander ! Vivement le prochain !