Un rêve colombien
Le 14 avril 2008
Un premier film très esthétique qui frappe moins par son contenu que par son propos.


- Réalisateur : Ciro Guerra
- Acteurs : Lowin Allende, Cesar Badillo, Julián Díaz
- Genre : Drame
- Nationalité : Colombien
- Date de sortie : 9 avril 2008
- Plus d'informations : L’Ombre de Bogota

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– Durée : 1h30mn
– Titre original : La Sombra del Caminante
Un premier film très esthétique qui frappe moins par son contenu que par son propos.
L’argument : Un excentrique porteur et un handicapé, que son propriétéire souhaite mettre à la porte de son appartement, trouvent dans l’amitié un refuge contre l’exclusion et une nouvelle façon de communiquer.
Notre avis : L’ombre de Bogota est un film iconoclaste, en noir et blanc, qui met en scène deux marginaux au sein de la société colombienne, profondément marquée, depuis les années 60, par le bras de fer entre le gouvernement et les multiples groupes rebelles comme celui des Forces armées révolutionnaires de Colombie (Farc). C’est un véritable exercice de style où chaque plan se compare à une photographie pour mettre en lumière une ville dont les habitants se débattent pour sortir de la violence, à l’instar de tout un pays.
Mane et son ami porteur représentent aussi bien les victimes que les bourreaux. Comme ceux qu’ils incarnent, tout est bon pour échapper à l’emprise de cette violence qui pollue l’air. Une plante hallucinogène suffit au bonheur de ces deux âmes esseulées qui errent dans Bogota. Ils incarnent des clichés, mais aussi un rêve, celui d’une rencontre improbable, source d’échanges qui leur donne l’occasion de s’expliquer mais aussi de demander pardon. L’amitié crée un pont comme celui que les Colombiens aimeraient certainement franchir. Aussi, c’est moins dans l’intrigue que dans sa portée que le premier film du réalisateur Ciro Guerra puise son intensité. L’on est d’autant plus sensible à cette allégorie autour du combat que livre cette nation contre ses démons, que l’appel pour la libération de l’otage franco-colombienne, Ingrid Betancourt, n’a jamais été aussi fort et douloureux.