Le 28 août 2019
- Réalisateur : Ciro Guerra
- Acteurs : Bruno Clairefond, Juana del Río, Ángela Cano, Miguel Dionisio Ramos, Nelson Camayo
- Titre original : Frontera verde
- Genre : Fantastique, Ecologie, Thriller
- : Netflix
- Nationalité : Colombien
- Date de sortie : 16 août 2019
- Durée : 8 épisode de 31 à 47 min
- Titre original : Frontera verde
- VOD : NETFLIX
Un mystique thriller composé d’un étrange puzzle, porté par une réalisation envoûtante et hypnotique, quitte à nous endormir parfois.
Résumé : Quand son enquête sur quatre féminicides entraîne une jeune détective de Bogotá au fond de la jungle, elle y découvre la magie, le mal et…
Notre avis : La forêt amazonienne fascine, envoûte, hypnotise. Pour les cinéphiles, on rappellera que Werner Herzog y a plongé au moins deux fois, non sans y laisser des plumes, avec son acteur fétiche et sérieusement allumé, Klaus Kinski, pour Aguirre, la colère de Dieu (1972) et Fitzcarraldo (1982). Sa luxuriance végétale, sa faune, plus ou moins sympathique, et ses tribus mystérieuses sont autant d’éléments et matières d’inspiration pour romanciers, scénaristes et réalisateurs.
Frontera Verde (titre original), ou Green Frontier, est la première série originale colombienne de Netflix commandée courant 2017. Ses créateurs sont Diego Ramírez Schrempp, Mauricio Leiva-Cock et la production est assurée par Dynamo Producciones, qui est déjà partenaire de la plateforme. Elle a ainsi collaboré sur ses séries phares comme Narcos, El Chapo ou le film Triple frontière, avec Ben Affleck et Oscar Isaac. Hélas, si aligner sur le papier des auteurs aussi talentueux soient-ils, et de bons producteurs, était gage de réussite, ça se saurait.
- Copyright Netflix
Helena, jeune enquêtrice de Bilbao débarque dans un village à la frontière de la Colombie et du Brésil, pour enquêter sur des homicides troublants : des religieuses d’une congrégation locale ont été retrouvées en pleine forêt amazonienne, exécutées par balles et flèches, l’une d’entre elles de façon très particulière. Helena fait équipe avec un flic du coin, Reynaldo, fils d’indigène, et tous deux doivent composer avec un commissaire glandeur, peu coopératif et probablement douteux.
Dès l’ouverture, on est aspiré par la forêt, avec un lent travelling sur les corps des religieuses, éparpillés dans la jungle. La caméra flotte doucement, enveloppée par une enivrante bande-son de cris et caquètement d’oiseaux, souffles, craquements de branches et végétaux. La voix off d’un indigène nous chuchote une sorte d’incantation sur sa jungle-mère, maison du monde, origine de tout, éternelle, mais pénétrée par un démon. La caméra se penche sur le sol, une main entre dans le champ et touche une racine qui s’illumine, presque fluorescente. Cut. Carton : Frontera Verde.
Voilà, en moins de trois minutes, nous sommes dans une autre zone, une autre dimension, et force est de reconnaître qu’on est hypnotisé. Hypnotisé par la lenteur de l’installation de cet étrange puzzle où se mêlent religion, tribus rivales, traditions ou superstitions ancestrales, mais aussi corruption, trafics, déforestations et autres personnages peu recommandables. Hypnotisé aussi, par de longs plans contemplatifs de la nature, la forêt, le fleuve, en mode Terrence Malick dans La Ligne rouge (1998). Hypnotisé enfin, par une perte de repère temporel qui se glisse sournoisement dans la narration, avec des espaces-temps, semblables à la série Dark. On n’en dira pas plus. Hélas, la magie s’épuise en douceur, au fil des épisodes qui, pourtant, enchaînent les rebondissements. Malgré une réalisation portée par de magnifiques images, et une interprétation juste et sobre, cette magie étonnante du début devient parfois soporifique. Mais, après tout, n’est-ce pas le but de l’hypnose, nous endormir ?
- Copyright Netflix
En écriture, un bon pitch est bien entendu la base. En l’espèce, le point de départ : un thriller au cœur d’une forêt torturée depuis des décennies par ces démons d’agriculteurs et bûcherons, au service de multinationales ou commerces douteux, et par les laboratoires usines des narcos, une forêt où les protagonistes s’y perdraient, ne suffit pas. Les scénaristes, à force d’y tailler des pistes pour nous maintenir en haleine, finissent par s’y perdre avec nous. Certes, le dernier épisode est « spectaculaire », mais livre un final où chacun pourra trouver une réponse, voire un point de départ pour une possible suite.
Frontière Verte demeure alors, en l’état, un bel exercice formel (tourné dans des conditions extrêmes - voir le making-off), et en même temps - on n’en doute pas un instant, noyé dans un scénario encombré - un plaidoyer pour un des « poumons de notre terre » encore en feu. Dommage.
- Copyright Netflix
Galerie Photos
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