La hotte antique
Le 19 juillet 2005
L’Inde échappe à Louis Malle.
- Réalisateur : Louis Malle
- Genre : Documentaire
- Editeur vidéo : Arte Vidéo
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– Coffret 3 DVD
L’Inde échappe à Louis Malle.
L’argument : En 1968, Louis Malle reporter d’images s’immerge dans Calcutta pendant trois semaines pour y filmer la vie au plus près de la réalité, et dans l’état de Madras. L’Inde "authentique" vue par un cinéaste curieux qui témoigne aussi de sa propre époque, celle d’un Occident qui porte un autre regard sur la misère, la foi, la foule...
Notre avis : Occidental, Louis Malle l’est désespérément ("occidental avec la caméra, deux fois occidental") et ne semble dans ces Réflexions sur un voyage que déplorer son propre regard : celui d’un cinéaste qui traque la réalité avec les recettes du plus plat réalisme télévisuel, mais qui souhaiterait dégager sa "vision du monde" indien d’un déterminisme politique très parisien. S’il parvient à retracer une certaine "geste" indienne, en isolant précisément des gestes qui ne sont qu’exotiques, c’est un peu comme s’il n’arrivait pas à se taire : sa volonté d’explication, parfois ampoulée, étouffe toute chance d’universaliser son propos. Au fond l’Inde pour Louis Malle c’est une autre planète, mais on s’ennuie à l’observer parce qu’on ne s’y retrouve pas, on ne reconnaît pas dans ces êtres distants, séparés de nous par une caméra "impossible (sic) [...] nos semblables, nos frères". Et le bon maître d’école ne passionne pas les enfants... Quelques tentatives sont louables : ces femmes surgies de Millet qui glanent les herbes folles et s’effarouchent devant l’objectif de la caméra, et ces bergers qu’on dirait sortis d’une toile de Delacroix captés à la lueur d’un feu de camp. Mais au fond c’est une inhibition qui se dégage de ces films : Louis Malle le reconnaît, il ne sait pas comment faire avec l’Inde, ni comment la filmer, du coup il nous donne tout en vrac, sans rythme, sans saveur, sans point de vue.
Chris Marker dès le premières minutes de Sans soleil sait tout dire du Japon, et parler de lui, et parler de moi. Mais son propos est poétique, c’est-à-dire qu’il englobe et dépasse le "réel" et le révèle d’autant plus vivement. Mais Sans soleil est une œuvre personnelle là où cette Inde fantôme semble être filmée par un anonyme. Un touriste ?
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