Choc frontal
Le 29 mai 2011
Asphyxie d’un quotidien Derrick (morne et blafard) pour ce long métrage allemand d’une actualité troublante.
- Réalisateur : Christoph Hochhäusler
- Acteurs : Constantin von Jascheroff, Manfred Zapatka
- Genre : Drame
- Nationalité : Allemand
- Durée : 1h34mn
- Titre original : Falscher Bekenner
- Date de sortie : 10 mai 2006
- Festival : Festival de Cannes 2005
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Asphyxie d’un quotidien Derrick (morne et blafard) pour ce long métrage allemand d’une actualité troublante.
L’argument : Etouffé par l’amour de sa mère, par les attentes de son père et par l’ennui mortel de la vie dans la banlieue, Armin, dix-huit ans, se met à écrire des lettres anonymes. Il s’inspire tout d’abord d’un accident dont il a été témoin, puis d’un crime dont il vient de prendre connaissance. Ce qui n’était au départ qu’un jeu vire bientôt à l’obsession.
Notre avis : De Christophe Hochhäusler, on se souvient d’un intrigant Bois lacté qui, via une esthétique très contemporaine, survolait le cinéma de Wenders (période allemande, forcément) avec une belle constance. Film imparfait, mais découverte d’un auteur, que vient confirmer cet Imposteur. Si le jeune cinéma allemand ne parvient pas encore à s’imposer dans les salles (trop crus, les enfant des Straub et de Fassbinder ne font rien pour...), il réussit à redonner un souffle inattendu à cette cinématographie exsangue. Hochhäusler est d’ailleurs le fondateur de l’une des rares revues d’avant-garde allemande : Revolver. Belle définition de son cinéma qui se plaît à multiplier les points d’impact pour mieux assommer le spectateur. Et signe annonciateur d’un radicalisme irradiant, empruntant les sentiers anxiogènes d’un Haneke pour se livrer à une dissection en règle du mal-être contemporain.
Paranoïa sourde, (a)perception du monde du travail comme un espace de conflit, de morcellement identitaire, évanouissement de la morale. L’imposteur est bel et bien le premier film anti-CPE. Et qu’il vienne d’Allemagne n’y change rien. Avec une lucidité crue, le film se saisit d’un certain malaise, diffus mais perceptible, et offre un étonnant contrepoint au sentiment d’inquiétude qui, deux mois durant, à poussé la jeunesse française à investir les rues. La mise en scène, statique, nous donne à ressentir un certaine pesanteur des corps. Une inertie toute terrestre parasitée par d’angoissantes dérives fantasmatiques, détournant volontiers l’imagerie fétichiste du cinéma d’horreur.
Le processus est en marche. Celui d’une nouvelle génération d’auteurs qui, à n’en pas douter, comptent appuyer là ou ça fait mal. Que le film sorte en même temps que The great ecstasy of Robert Carmichael ne fait qu’ajouter à son impact : parfaitement complémentaires, les deux œuvres dressent la géographie d’un espace contemporain en plein délitement, où la sacro-sainte cellule famille n’a décidemment plus prise. Dans ces deux film, l’horreur s’approche à visage découvert, surgit d’un quotidien apparemment harmonieux. Une horreur à hauteur d’homme, la plus terrifiante. Le processus est définitivement en marche qui, dans son nihilisme revendiqué, n’épargnera personne. Avec la jeunesse et les médias en première ligne, comme pour les manifestations.
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