Monts et démons
Le 18 avril 2006
Toutes les facettes de Big Jim transparaissent dans ce recueil de textes racontant les démons et les joies du grand écrivain américain.


- Auteur : Jim Harrison
- Editeur : Christian Bourgois
- Genre : Roman & fiction

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Toutes les facettes de Big Jim Harrison transparaissent dans L’été où il faillit mourir, recueil de textes racontant les démons et les joies du grand écrivain américain.
Jim Harrison renoue avec les novellas, ces textes d’une centaine de pages à cheval entre la nouvelle et le roman, dans la lignée de Julip et Légendes d’automne. A travers trois récits aux thèmes extrêmement différents et d’une plume toujours aussi inspirée, il continue d’explorer les grands espaces du Michigan mais aussi et surtout le cœur des hommes.
Pour preuve, l’histoire de Chien Brun (déjà vu dans Julip), métis d’origine indienne, qui va se démener pour que sa fille adoptive ne soit pas placée dans un centre pour attardés mentaux. Il mènera aussi son combat pour conserver son identité et sa culture face à des autorités sourdes et bornées, refusant le soi-disant progrès qu’on lui impose dans son intérêt. On pourrait dire la même chose de cet écrivain dont Harrison raconte l’histoire dans Traces, le dernier texte, autobiographie à peine voilée qui relate les années de vache maigre, les doutes, la persévérance et la simplicité. Ce récit est le plus touchant car frôlant la réalité au plus près, empli de nostalgie. Harrison a eu le temps de voir évoluer un monde qui tourne désormais à l’envers.
Plus surprenante, l’histoire à trois voix de ces Épouses républicaines, dont l’une s’est réfugiée au Mexique après avoir laissé pour mort un amant commun, attendant que ses copines viennent la chercher pour l’emmener à son procès. Ici, la morale revendiquée est en complet décalage avec les actes, texte dans lequel on est tenté de voir un message politique. Harrison reste égal à lui-même, loue les plaisirs oubliés, le respect de la nature, les choses simples et les autres. Le romancier si tendre et si juste œuvre, une fois encore, pour la postérité.
Jim Harrison, L’été où il faillit mourir (The summer he didn’t die, traduit de l’anglais (américain) par Brice Matthieussent), éd. Christian Bourgois, coll. "Fictives", 2006, 323 pages, 23 €