Les losers sont des perdants - La chronique BD

Des Charlots de première, Jipé et ses trois potes. De vrais glandus. Des losers dont l’horizon se limite au bar Jour de fête, où ils refont le monde quotidiennement, et à l’ANPE, où ils ne vont pointer que lorsque l’assistante sociale a, je cite, des gros nichons. A part ça, pas grand-chose, si ce n’est une solide amitié, une sainte horreur du travail et une tendance à l’hilarité devant les blagues de Jipé qui glisse des "2000" dans la moitié de ses phrases ("super grave 2000", "t’es super cool 2000") et qui s’inspire, entre autres, des Brèves de comptoir de Gourio.

Bref. C’est gros, gras, lourdingue, misogyne, néfaste pour notre belle jeunesse... mais bordel ce que c’est drôle ! D’autant que le dessin n’est pas en reste : les super-héros ont des tronches de carnaval, dérivés urbains des masques valaisans du Lötschental (pour ceux à qui cela parlerait), les phylactères sortent littéralement des personnages et le travail sur les ombres, superbe, s’inscrit dans la lignée d’un Martial Leiter. Première incursion chez Fluide glacial réussie donc pour Pichelin et Guerse, qui avaient déjà signé plusieurs albums aux Requins Marteaux. Les losers sont des perdants était d’ailleurs en course pour l’Alph-Art du meilleur dialogue.