L’enfer au-dessous de zéro - la critique du film + le test DVD

Notre avis : On connaît de mieux en mieux la carrière très inégale de Mark Robson, qui fut d’abord monteur, et notamment de Welles et Tourneur, avant de devenir un cinéaste touche à tout, capable du meilleur et du nettement moins bon. L’enfer au-dessous de zéro appartient plutôt aux bons crûs, sans atteindre les sommets du genre ; les amateurs d’aventures à l’ancienne seront néanmoins aux anges, tant le film représente la quintessence d’une certaine efficacité professionnelle : rien qui côtoie le génie, mais une œuvre probe et maîtrisée.
Dès le début, avec la mort du père, on est saisi par la simplicité et la concision : elles seront quasiment programmatiques, puisque Robson semble faire la chasse aux plans inutiles ; le simple fait d’ailleurs de condenser en une heure et demie autant d’événements tient de la gageure ; il faut aller vite, même si on s’attarde pour expliquer la chasse à la baleine (le cinéma des années 50 se rêve encore un peu pédagogique avec cette allusion incertaine aux explications d’un Moby Dick), alors on va vite : expédié le dénouement, envolées les finesses psychologiques. Le méchant est méchant (délateur même sous l’occupation), le héros est noble (Allan Ladd est très classe dans le rôle) et l’héroïne (assez fade, Joan Tetzel à la courte carrière n’ayant pas un charisme bouleversant) passe de l’un à l’autre avec vigueur. Mais c’est surtout dans les passages obligés qu’on remarque un savoir-faire certain : la tempête, la pêche à la baleine ou l’emprisonnement par la glace sont des séquences réussies, et même la rencontre dans l’avion, portée par des dialogues spirituels, a beaucoup de charme.

On se promène en terrain connu, entre le docteur poivrot et le commandant bougon, entre les combats et les discussions convenues, mais là encore ce n’est pas sans plaisir. D’ailleurs, on ne s’ennuie jamais, et la bagarre finale, sur un plan incliné, parvient même à surprendre. Reste que L’enfer au-dessous de zéro ne dépasse pas l’efficacité : rien qui transcende, rien de profond ou d’ambigu. Stanley Baker y est notoirement sous-employé, et les personnages secondaires sacrifiés, la palme revenant à l’anecdotique chasseuse de baleine. On verra donc ce pur produit des années cinquante sans passion, mais sans déplaisir, emporté par un exotisme soigné et désuet.

Les suppléments :
Patrick Brion évalue le scénario et l’interprétation, balise la carrière du réalisateur. C’est un peu court (7mn) mais comme d’habitude intéressant. Le documentaire consacré à Allan Ladd est le même que celui qui accompagne le DVD Le serment du chevalier noir … Quant à la galerie photos, elle fait la part belle aux affiches internationales, dont certaines sont magnifiques.

L’image :
Quelques imperfections, quelques parasites, mais la copie est nette, souvent très lisse et les couleurs ont le charme désuet qui convient. Les stock-shots sont parfois en-deçà.

Le son :
Les deux versions VF et VOST (Dolby Digital 2.0 Mono) offrent un son clair et sans scories, agréable même au vu de l’âge du film. Comme souvent, la VO est largement préférable, moins vieillotte.