L’Emprise du Mal - la critique du film + le test blu-ray

Retour sur le premier essai de Miguel Ángel Toledo présenté en début d’année hors compétition au festival du film fantastique de Gérardmer. Si le film déçoit par son académisme, il demeure néanmoins maîtrisé. Disponible en DVD/BR depuis le 07 mai chez l’éditeur Wild Side Vidéo.

L’argument : Pour tenter de ressouder leur couple, Raul et Ana décident d’aller passer les fêtes de Noël dans un chalet isolé au coeur de la forêt avec Nico, leur fils de 7 ans. Mais l’intrusion de Samuel dans leur vie, et son rapprochement d’Ana et Nico vont rapidement semer le trouble chez le chef de famille, transformant ce havre de paix enneigé en véritable cauchemar...

Notre avis : Il fut un temps pas si lointain où le cinéma fantastique espagnol tenait la dragée haute à ses concurrents directs. Depuis Les Autres (Alejandro Amenábar), Le labyrinthe de Pan (Guillermo Del Toro) ou bien L’Orphelinat (Juan Antonio Bayona), de l’eau a coulé sous les ponts, l’effet de surprise s’est envolé et les dernières productions ibériques ne laissent la plupart du temps derrière leur sillage que de vagues réminiscences. Sans appel, c’est un constat qui s’applique également à L’Emprise du Mal, le premier long métrage délivré par Miguel Ángel Toledo. Non pas que le film soit un naufrage, loin de là, mais sous ses airs de Shining venu d’Espagne, le thriller psychologique à forte tendance paranoïaque ne surprend pas beaucoup.
Sur un traitement malencontreusement académique de la schizophrénie, Toledo tente en vain d’apporter son grain de sel avec une réalisation qui tend pourtant vers la sobriété et l’élégance (superbe travail du chef opérateur Miguel Llorens au passage).

Retranché dans un chalet, Raul et Ana, un couple en proie à de sérieux doutes affectifs, entreprennent de recoller les morceaux en s’isolant pour les fêtes de Noël avec leur jeune fils Nico. La petite réunion de famille va très vite sombrer dans l’effroi entre visions cauchemardesques du paternel, atmosphère à la lisière de l’étrange et intrusion de Samuel, un mystérieux individu venant déstabiliser le ménage et tourmenter l’esprit de Raul.
Le cheminement de cette plongée dans l’antre de la folie n’est pas exempt de tout reproche puisqu’il ne parvient pas à éviter quelques longueurs contemplatives. D’autre part, les petites maladresses (une mise à mort canine qui produit l’effet inverse de celui escompté) se voient rattrapées par un lot d’idées efficaces : l’utilisation des marionnettes provoquant une angoisse des plus subtiles, la menace planante de Samuel, un face à face père/fils intriguant lors d’une partie d’échecs ou encore la violence psychologique patente.
Un autre point non négligeable du long-métrage réside dans les performances de Gustavo Salmerón convaincant en père névrosé, et celle du jeune Ricardo Trénor (le fils Nico) dont le regard pénétrant sème comme un sentiment d’inquiétude dans le climat ambiant. Il est par contre fort dommage d’assister à un épilogue aussi prévisible que banal mais dont la construction temporelle s’avère néanmoins un minimum astucieuse.

L’Emprise du Mal n’est donc pas une catastrophe mais seulement un Shining hispanique qui n’en possède pas la verve (pas étonnant donc de le voir débarquer directement en DVD/BR chez nous malgré une sélection hors compétition au dernier festival de Gérardmer). Au final voilà un titre mineur qui ne redore pas le blason des productions horrifico-fantastiques en provenance de l’autre côté des Pyrénées. En l’occurrence, il nous conforte juste dans l’idée que les titres forts s’y font de plus en plus rares...

LE TEST BLU-RAY :
L’éditeur Wild Side Vidéo délivre une édition Blu-ray techniquement supérieure pour une immersion adéquate.

Les suppléments :

Un making-of de 24 minutes fait figure d’unique bonus disponible sur cette édition Blu-ray. Il entremêle des interviews de l’équipe du film (réalisateur et acteurs) à des images du long métrage. On attendait un peu plus de détails sur la réalisation et les conditions de tournage de ce supplément en définitive assez basique. Notons que la bande-annonce est également disponible.

L’image :

La copie jouit d’une excellente compression qui permet d’apprécier tout le travail du chef opérateur Miguel Llorens. Les textures froides aux teintes bleutées qui alimentent le film apportent un vrai plus à l’atmosphère générale. La colorimétrie est parfaitement équilibrée et le confort visuel optimal.

Le son :

Le DTS HD Master Audio 5.1 en VO ou en VF est indéniablement le gros point fort de l’édition. Il apporte des sons d’ambiance étranges extrêmement travaillés tantôt subtils ou puissants. La spatialisation est parfaitement adaptée à ce genre de film d’atmosphère et regorge des petits détails sonores qui font toute la différence. Préférez la version originale espagnole à la piste française dont le doublage ne permet pas toujours d’apprécier l’interprétation des acteurs à leur juste valeur.