Belles planches
Le 13 juillet 2006
Défense de la modernité de l’art comme des mœurs. Un Mizoguchi un peu didactique, malgré une mise en scène raffinée.


- Réalisateur : Kenji Mizoguchi
- Acteurs : Chieko Higashiyama, Kinuyo Tanaka, Sō Yamamura, Eijirō Tōno, Kikue Môri
- Genre : Comédie dramatique
- Nationalité : Japonais

L'a vu
Veut le voir
– Durée : 1h36mn
– Titre original Joyu Sumako no koi
Défense de la modernité de l’art comme des mœurs. Un Mizoguchi un peu didactique, malgré une mise en scène raffinée.
L’argument : Un metteur en scène tombe amoureux de la jeune actrice qu’il a engagée. Ils triomphent à chaque représentation et leurs rapports troublent la troupe.
Notre avis : Dans le Japon de l’après-guerre, Mizoguchi alimente à travers L’amour de l’actrice Sumako une double réflexion sur l’art et la société. Il interroge leur avenir mutuel à travers la libre adaptation de la vie de l’actrice Matsui Sumako (1886-1919). Cette dernière fut avec son compagnon metteur en scène le fer de lance du modernisme théâtral, alors mal perçu car déstabilisant. Montant des pièces d’Ibsen (La maison de poupées, Carmen ...), ils s’orientent vers le théâtre moderne et européen, abandonnant le traditionnel kabuki. Le choix des pièces, dont de larges extraits sont mis en scène, est tout sauf innocent.
En effet, les héroïnes de ces œuvres, comme celle du film, affirment leur indépendance. Souhaitant vivre au grand jour leurs sentiments, elles entrent en opposition avec des conventions sociales rigoristes et conservatrices. A travers son personnage, c’est la libéralisation des mœurs que prône le cinéaste. Mais toujours réaliste, l’amour entre cette femme libre, divorcée et le metteur en scène marié est tout sauf évident. Le scandale éclate. Leurs familles respectives les rejettent radicalement. Leur troupe, pourtant ouverte sur le plan artistique, fait de même, avant de se rendre à l’évidence : celle de leur réussite.
Mizoguchi s’attache donc une nouvelle fois à défendre la position sociale des femmes, adaptant une posture féministe. En effet, indéfectiblement liée à son metteur en scène par ses sentiments comme par son travail, l’actrice Sumako ne pourra survivre seule. Le cinéaste laisse là encore libre cours à un certain pessimisme.
Un brin didactique, mais porté par une très belle mise en scène, L’amour de l’actrice Sumako mérite d’être (re)découvert.