Le 22 juillet 2019
Les écritures de Dumas et de Sartre se mêlent dans une rencontre improbable et féconde. La performance d’Alexis Desseaux, dirigé par Alain Sachs, fait de Kean un spectacle au rythme effréné.
- Acteurs : Frédéric Gorny, Alexis Desseaux, Pierre Benoist, Sophie Bouilloux, Jacques Fontanel, Eve Herszfeld, Justine Thibaudat, Stéphane Titeca
- Metteur en scène : Alain Sachs
- Genre : Théâtre (spectacles)
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Résumé : Les frasques, la vie trépidante et l’égo cabot de Kean, le plus grand comédien d’Angleterre, couvert de femmes, adulé ou détesté par les puissants et les modestes.
Copyright BA Production/Théâtre de l’Oeuvre, 2019
Notre Avis : « Jouir sans posséder c’est faire des dettes », « On est acteur comme on est prince : de naissance. », « Je n’ai jamais rien pu garder moi, même le lit. » Les répliques ciselées fusent dans ce classique moderne qui trouve un bel équilibre entre l’esprit aventureux d’Alexandre Dumas et la plume plus cérébrale de Jean-Paul Sartre. Celui-ci avait adapté Kean sans grand enthousiasme, pour Pierre Brasseur comme un échange de bon procédé, une concession. Il est vrai que c’est sensiblement éloigné du cœur de son œuvre et même parfois très lointain de son engagement à gauche...
Chaque soir, Kean s’en va « labourer son Shakespeare » et toutes ses créations. Sa vie est aussi trépidante que celle des personnages qu’il incarne. Avec le frère du Roi, ils se battent pour la même femme, Elena, non pour elle mais par passion de la compétition pleine d’orgueil. Ici, les hommes n’aiment qu’eux-mêmes.
Kean est dans la lignée des grands personnages qui peuplent le répertoire. Tout comme la relation maître-serviteur qu’il entretient avec Salomon, son ami et complice entièrement dévoué qui s’acharne à vouloir le ramener à la sagesse. Et c’est vrai qu’Alexis Desseaux a le physique d’un Don Quichotte qui serait très volubile. Kean ne court pas après les moulins, mais après les femmes. Il est déjà sans illusion et se joue d’elles comme ils se moque de tout.
Alexis Desseaux est impressionnant de maîtrise, entièrement habité par Kean, lui-même hanté par ses personnages. Son phrasé plein de gouaille ou d’émotions jongle avec les tonalités. La sonorité de sa voix change constamment d’humeur.
Il sait interpréter la dimension charismatique malade d’orgueil et suicidaire. Tactile, il est flamboyant, sans que cela paraisse factice. A l’image de la popularité de Kean, le public a soif de ses interprétations même en Roméo ou en Roi Lear de 48 ans, jusqu’à la fin où Kean éclipse tous ses rôles pour entrer de lui même dans la légende.
Alexis Desseaux est particulièrement bien entouré par des comédiennes et des comédiens, qui dégagent une très belle harmonie amplifiée par les costumes de Pascale Bordet (qui signe aussi l’affiche, pleine de grâce). Dans ce spectacle, tout est du sur mesure. La direction d’acteurs par Alain Sachs et la fluidité de sa mise en scène donnent si bien le la que l’on a la sensation d’assister à une opérette.
Un bémol : on peut être incommodés par les changements de décors à vue (même s’ils sont « joués »), qui cassent le rythme et l’histoire, mais difficile de faire autrement.
Aller voir « Kean » offre une chaleur alternative qui, elle, n’a de cesse de vous souffler l’esprit d’une brise légère.
Prolongations au Théâtre de l’Œuvre jusqu’au 27 juillet !
Kean. Alexandre Dumas. 2h.
Adaptation Jean-Paul Sartre, mise en scène Alain Sachs.
Jusqu’au 27 juillet, Théâtre de l’Œuvre, Paris 9e.
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