Si ce n’est toi, c’est donc ton frère
Le 5 janvier 2010
Meurtres et double vie sont au menu de Just another love story. Plastiquement travaillé, ce thriller norvégien est tout à fait fascinant.


- Réalisateur : Ole Bornedal
- Acteurs : Nicolaj Lie Kaas, Charlotte Fich, Anders W. Berthelsen, Rebecka Hemse
- Genre : Drame, Thriller
- Nationalité : Danois
- Date de sortie : 6 janvier 2010
– Durée : 1h40mn
Meurtres et double vie sont au menu de Just another love story. Plastiquement travaillé, ce thriller norvégien est tout à fait fascinant.
L’argument : Jonas est un photographe de crime et un homme attaché à sa famille jusqu’à ce qu’il se retrouve impliqué dans un accident de la route, qui laisse une jeune femme, Julia, inconsciente à l’hôpital. Lorsque la curiosité pousse le jeune homme à lui rendre visite, il rencontre la famille de la jeune femme qui le prend pour son petit ami, Sébastien. Un rôle que Jonas endosse facilement...
Notre avis : La scène d’introduction de Just another love story a des allures de Sin City avec cette pluie battante quasiment irréelle qui tombe drue sur la chaussée sur laquelle est étendu un corps ensanglanté. Une voix-off dévoile les émotions et les états d’âme de l’homme à terre : son état psychologique est mis à nu et permet d’introduire une série de flashback. Tout d’abord incompréhensibles, ceux-ci perpétuent la tension installée par cette première séquence sortie de nulle part.
Les questions affluent tout au long du récit de Just another love story. Le héros est confronté à ses propres interrogations, à ses choix de vie. Pourquoi a-t-il besoin de changer d’identité ? Par désir d’être un autre ? Ou pour exprimer librement sa personnalité à travers autrui ? Serait-il alors donc incapable de s’assumer ? Les réponses sont partielles ou multiples ; complexes dans tous les cas car la psyché ne peut être uniquement confrontée à un raisonnement cartésien. Ole Bornedal présente somme toute un homme ordinaire, à l’existence banale, qui saisit simplement l’opportunité (pour ne pas dire la chance) de se construire l’illusion d’une autre vie. Une vie rêvée ? La clé du mystère est bien là.
Parce que l’existence de Jonas, le personnage principal, est en deux temps, il n’est pas surprenant de remarquer deux temporalités distinctes dans Just another love story, marquées par des photographies attentives et travaillées. Il y a d’abord la « vie réelle » (somme tout subjective) : le ciel demeure perpétuellement gris, le brouillard reste omniprésent, la lumière a des tons bleutés. Cela pourrait sembler paradoxal car, dans cette vie, le héros est heureux. Mais ayant endossé l’identité d’un autre, son existence est factice et ne lui appartient pas : son mensonge ne peut lui offrir une vie lumineuse. D’ailleurs, lorsqu’il retrouve son identité originale, il est déjà trop tard : l’orage explose, le noir complet envahit la vie du héros et l’écran. On ne perçoit pas de réalité plus heureuse (ou plus « réelle » justement) dans les flashback : la luminosité est beaucoup trop forte. Les couleurs chaudes sont accentuées (le récit s’articule autour des vacances), l’image grossièrement granuleuse est floue : cette existence n’est pas celle de Jonas mais celle de celui dont l’identité a été usurpée. On ne connait rien de lui ; on ne peut distinguer nettement ce qu’a été sa vie.
Il faut bien reconnaître que le scénario de ce film est tiré par les cheveux ; les coïncidences étant bien trop nombreuses pour être crédibles. Mais le travail photographique et l’intérêt porté au personnage principal, allié à l’interprétation d’Anders W. Berthelson font de ce long métrage une œuvre tout à fait fascinante.
’Boo’Radley 7 février 2010
Just another love story - La critique
Entre le thriller et le cinéma d’auteur (tendance goût pour l’épate), une agréable série B agrémentée de rebondissements nombreux sinon tous inattendus (le suspense des dernières scènes a déjà beaucoup servi). La construction narrative constituée de fragments éclatés d’un puzzle permet la mise en place d’un climat d’incertitude, de faux-semblants, d’insécurité et met à rude épreuve les nerfs du spectateur - qui jubile.
Norman06 15 février 2010
Just another love story - La critique
Thriller intéressant, surtout dans sa première heure où l’angoisse et le mystère sont admirablement rendus. Mais le cinéaste se perd ensuite dans des rebondissements téléphonés, des effets criards et le recours aux pires conventions. Dommage, car cela semblait être les prémices tant du renouveau du cinéma danois que de celui du polar.