Noir c’est noir
Le 14 juin 2005
Un roman d’une noirceur incomparable qui vous fera pincer le nez tant les sensations physiques sont mises en émoi.


- Auteur : Chuck Palahniuk
- Editeur : Gallimard
- Genre : Polar
- Nationalité : Américaine

L'a lu
Veut le lire
Journal intime, le dernier roman de Chuck Palahniuk, est d’une noirceur incomparable qui vous fera pincer le nez tant les sensations physiques sont mises en émoi.
Quand vous succombez pour un homme capable d’accrocher directement une broche en toc à son téton quitte à maculer son pull de sang, votre vie forcément ne sera pas de tout repos... Pour Misty Wilmot, héroïne du dernier roman de Palahniuk, non seulement son mariage avec Peter fut loin d’être une histoire plan-plan mais cette union s’est transformée en une véritable descente aux enfers.
La jeune étudiante en arts plastiques au talent prometteur qui rêvait d’une vie paisible se retrouve des années plus tard, condamnée à jouer les boniches dans l’hôtel de l’île de Waytansee pour nourrir sa fille et sa belle-mère mais aussi réparer les délires architecturaux de Peter tandis que celui-ci végète sur un lit d’hopital après avoir raté son suicide. Misty boit et s’alimente en pilules pour tenir le coup jusqu’à ce qu’elle finisse par céder à la pression de sa charmante famille : se remettre à peindre pour assurer la postérité des Wilmot comme de l’Ile de Waytansee.
Seul acte de rébellion de cette femme réduite à l’esclavage moderne : la rédaction de ce journal intime à la troisième personne, prétendument entreprise pour raconter le temps perdu à Peter au cas où il sortirait de son état végétatif, et qui se transforme en règlement de compte à OK Corral envers "ce tas de merdes" que fut Peter Wilmot. Mais l’exploration de son mal-être à coup d’incantations répétitives ne suffit pas à extirper Misty de sa pitoyable condition.
Cette femme que l’on imagine avoir pu être séduisante se déglingue à coup de maux sordides au fil des pages comme si un torrent de pisse n’en finissait pas de s’écouler sur ce corps décharné. Encore un fois, Palahniuk prouve son talent à faire littéralement renifler au lecteur la pestilence du malheur et seule la combinaison machiavélique du scénario retient ce dernier de se pincer le nez.
Chuck Palahniuk, Journal intime (Diary, traduit de l’américain par Freddy Michalski), Gallimard, coll. "La Noire"", 2005, 336 pages, 20,50 €