Los olvidados
Le 13 novembre 2010
Une dénonciation de l’enrôlement des enfants soldats en Afrique. Du cinéma citoyen indispensable qui n’évite pas toujours la complaisance.
- Réalisateur : Jean-Stéphane Sauvaire
- Acteurs : Christopher Minie, Daisy Victoria Vandy
- Genre : Drame
- Nationalité : Britannique, Français
- Distributeur : TFM Distribution
- Durée : 1h36mn
- Date de sortie : 26 novembre 2008
- Festival : Festival de Cannes 2008
L'a vu
Veut le voir
Résumé : Johnny, quinze ans, enfant-soldat africain aux allures de rappeur, armé jusqu’aux dents, est habité par le chien méchant qu’il veut devenir. Avec son petit commando, No Good Advice, Small Devil et Young Major, il vole, pille et abat tout ce qui croise sa route. Des adolescents abreuvés d’imageries hollywoodiennes et d’information travestie qui jouent à la guerre... Laokolé, seize ans, poussant son père infirme dans une brouette branlante, tâchant de s’inventer l’avenir radieux que sa scolarité brillante lui promettait, s’efforce de fuir sa ville livrée aux milices d’enfants soldats, avec son petit frère Fofo, huit ans. Tandis que Johnny avance, Laokolé fuit... Des enfances abrégées, une Afrique ravagée par des guerres absurdes, un peuple qui tente malgré tout de survivre et de sauvegarder sa part d’humanité.
Critique : Produit par Mathieu Kassovitz, Johnny Mad Dog a été tourné au Liberia, sur les lieux ou sévirent il y a quelques années les enfants soldats enrôlés par des milices opposées au gouvernement en place. Adapté d’un roman bien documenté, le film a pu être réalisé avec l’accord (et le soutien ?) d’Ellen Johnson-Sirleaf, présidente du Liberia, qui tente de tourner la page d’une guerre civile forcément douloureuse tout en donnant des gages de démocratie à la communauté internationale. C’est à la fois l’honneur et les limites de ce film coup de poing, inévitablement en porte-à-faux dans son projet dénonciateur.
- © TFM Distribution
La violence intrinsèque de ces jeunes, inouïe dans le cinéma contemporain (si ce n’est le meurtre final dans The Great Ecstasy of Robert Carmichael), évite l’apitoiement et la compassion que peuvent éprouver les spectateurs de Los Olvidados, pour citer le chef-d’œuvre du cinéma de la délinquance.
On sait que la cruauté de l’enfance peut faire des ravages. De Sa majesté des mouches à La Cité de Dieu, l’enfant meurtrier dérange le confort du spectateur, habitué à des repères catégoriels dans sa gestion narrative des « gentils » et des « méchants » au cinéma. La force de Jean-Stéphane Sauvaire est de partir de ce constat pour filmer bien plus qu’une allégorie politique, puisque les faits sont basés, comme on dit, sur des événements réels. À cet égard, les personnages de Johnny Mad Dog et de son acolyte No Good Advice resteront comme les plus effrayantes créatures de cinéma, compensant le côté lisse de Blood Diamond qui, sur le même thème, avait un aspect bien plus sirupeux.
Reste que le récit n’est pas exempt de lourdeurs, au-delà de son efficacité visuelle. Le cinéaste n’évite pas la complaisance à laquelle un Meirelles n’avait pas su échapper. Sans aller jusqu’à l’accuser de valoriser ce qu’il dénonce (la violence stupide et aveugle), on pourra préciser que trop de démonstration tue la démonstration et que deux séquences d’humiliation de femmes sont de bien inutiles surlignages, quand l’ellipse et la suggestion auraient eu plus d’ampleur. Et pour un film se voulant dans la lignée du cinéma d’un Costa-Gavras, le minimum aurait été de suggérer des pistes d’analyse politique à la situation, quand on sait que la France est l’un des premiers fournisseurs d’armes de l’Afrique et que l’actuel gouvernement libérien, qui a donné sa bénédiction au film, a rétabli il y a peu la peine de mort ; l’honnête production Hôtel Rwanda était par comparaison beaucoup plus incisive.
Avec ses qualités et ses défauts, Johnny Mad Dog reste un film indispensable et un bel objet de cinéma, dépassant le produit destiné à alimenter des « dossiers de l’écran ».
- © TFM Distribution
- © TFM Distribution
– Festival de Cannes 2008 : Prix Espoir Un Certain Regard
– Festival de Deauville 2008 : Meilleur scénario français
– Skip City International D-Cinema Festival 2009 : Meilleur réalisateur
Galerie Photos
Votre avis
Pour participer à ce forum, vous devez vous enregistrer au préalable. Merci d’indiquer ci-dessous l’identifiant personnel qui vous a été fourni. Si vous n’êtes pas enregistré, vous devez vous inscrire.
aVoir-aLire.com, dont le contenu est produit bénévolement par une association culturelle à but non lucratif, respecte les droits d’auteur et s’est toujours engagé à être rigoureux sur ce point, dans le respect du travail des artistes que nous cherchons à valoriser. Les photos sont utilisées à des fins illustratives et non dans un but d’exploitation commerciale. Après plusieurs décennies d’existence, des dizaines de milliers d’articles, et une évolution de notre équipe de rédacteurs, mais aussi des droits sur certains clichés repris sur notre plateforme, nous comptons sur la bienveillance et vigilance de chaque lecteur - anonyme, distributeur, attaché de presse, artiste, photographe. Ayez la gentillesse de contacter Frédéric Michel, rédacteur en chef, si certaines photographies ne sont pas ou ne sont plus utilisables, si les crédits doivent être modifiés ou ajoutés. Nous nous engageons à retirer toutes photos litigieuses. Merci pour votre compréhension.