Le 12 juillet 2020
Un célèbre western flamboyant, celui de tous les superlatifs, signé Nicholas Ray. Le réalisateur y confie un incroyable rôle à Joan Crawford


- Réalisateur : Nicholas Ray
- Acteurs : John Carradine, Joan Crawford, Ernest Borgnine, Paul Fix, Sterling Hayden, Scott Brady, Ward Bond, Mercedes McCambridge, Rhys Williams, Frank Ferguson , Ben Cooper
- Genre : Western
- Nationalité : Américain
- Distributeur : Swashbuckler Films, Les Films Fernand Rivers
- Durée : 1h50mn
- Date télé : 8 avril 2025 22:54
- Chaîne : Ciné+ Classic
- Reprise: 14 février 2018
- Box-office : 1 609 296 entrées (France) dont 402 937 (Paris-périphérie) / 2,5 M$ (USA)
- Titre original : Johnny Guitar
- Date de sortie : 11 février 1955

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Résumé : Tenancière d’un saloon, Vienna embauche Johnny Logan comme musicien, un homme qu’elle a connu autrefois. Ils vont être en proie à la haine d’Emma Small, jalouse de Vienna et de sa relation avec le héros local, le "dancing kid", qu’elle croit à l’origine de la mort de son frère lors d’une attaque...
Critique : Ce western, qui est devenu une référence au fil des années, avait tout contre lui : une histoire mélodramatique, des couleurs criardes, des tenues féminines improbables, une interprétation appuyée et une actrice principale sophistiquée qui joue à la cow-girl....
Et pourtant, quel magnifique spectacle nous offre Nicolas Ray en portant tous ces ingrédients à une quasi-incandescence !
Le Technicolor, pour lequel le chef opérateur Harry Strading Jr, a poussé le curseur "couleur" au maximum, donne au film un caractère irréel et met incroyablement en valeur les décors (le saloon de Vienna) et aux costumes (la robe blanche ou la chemise jaune de la même Vienna).
Le scénario de Philip Yordan (qui écrira l’année suivante L’homme de la plaine, "The Man from Laramie", d’Anthony Mann, avec James Stewart), reprend tous les codes du genre, mais en les menant jusqu’à la tragédie et en donnant la part belle à une lutte à mort entre deux femmes, ce qui est plutôt unique dans un western.
Les dialogues, souvent très écrits, ont pourtant tellement bien passé le temps, qu’ils ont pu être repris, et pas de manière parodique (on citera Barocco, le film d’André Téchiné 1976).
Le curieux choix de Joan Crawford pour le rôle principal (il aurait été plus juste que le film s’appelle "Vienna") s’avère une idée de génie : visage blafard, grands yeux tristes et maquillage excessif lui donnent des airs de madone hors du temps. A cinquante ans, l’actrice sophistiquée porte le colt, chevauche les mains attachées dans le dos et traverse une rivière à la nage !
Nicholas Ray réussit un western exemplaire, fait de tous les excès, et nous gratifie, en plus, de la présence de quelques gueules du cinéma hollywoodien d’après-guerre : Sterling Hayden en premier lieu, mais aussi Ernest Borgnine, John Carradine, Ward Bond ou encore Royal Dano.
L’année suivante, il tournera La fureur de vivre ("Rebel without a Cause"), drame extrêmement contemporain avec James Dean, qui prouve toute l’étendue de son talent.