Dernière danse
Le 19 octobre 2011
En dressant le portrait de dix participants aux championnats du monde de danse irlandaise, ce documentaire parviendra à passionner même les plus rétifs au pas de deux. Dommage que le propos ne soit pas toujours à la hauteur de la réussite plastique...
- Réalisateur : Sue Bourne
- Genre : Documentaire
- Nationalité : Britannique
- Durée : 1h37mn
- Date de sortie : 30 novembre 2011
- Plus d'informations : Le site du distributeur
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En dressant le portrait de dix participants aux championnats du monde de danse irlandaise, ce documentaire parviendra à passionner même les plus rétifs au pas de deux. Dommage que le propos ne soit pas toujours à la hauteur de la réussite plastique...
L’argument : Le 40e Championnat du monde de danse irlandaise se tient à Glasgow. Six mille danseurs venant des quatre coins du globe arrivent avec familles et professeurs, perruques, costumes couverts de diamants et une seule idée en tête : gagner le plus prestigieux des nombreux titres mondiaux de la discipline. Pendant une année nous suivons sept candidats de haut niveau qui nous transmettent leurs joies, leurs doutes et une passion infinie pour cette danse unique.
Notre avis : Vous vous souvenez de Riverdance ? Même si le phénomène n’a pas eu en France un impact similaire au raz-de-marée médiatique qu’il avait provoqué aux Etats-Unis et au Royaume-Uni, c’est ce spectacle musical qui a exposé la culture de la danse irlandaise au-delà des frontières de l’île d’émeraude. Tête, nuque et buste restent rigides, tandis que les pieds claquent sur le sol, projettent la jambe en l’air et retombent dans une rythmique compliquée, plaquée sur une musique folklorique lancinante. Comme pour la gymnastique ou le patinage artistique, on est dans le sport de haut niveau, davantage que dans la danse, ainsi que le démontrent ces championnats du monde retracés par Jig, et qui offrent un spectacle curieux, à mi-chemin entre concours de beauté (les candidat(e)s revêtent des perruques et des costumes onéreux, qui évoquent plus directement les défilés glitter que le folklore irlandais) et exploit technique. A certains égards, Jig rejoint par son sujet les préoccupations plastiques d’un certain courant documentaire, comme celui à l’œuvre dans les derniers films de Frederick Wiseman (notamment Boxing gym et Crazy horse). Là où il y a rigueur du mouvement, discipline des corps, battement frénétique de la mesure, la caméra et l’œil sont fascinés, pris dans un rythme qui s’impose de lui-même à l’image et au son. L’objectif de Sue Bourne parvient à communiquer le caractère obsessionnel et hypnotique des chorégraphies répétées par les danseurs jusqu’à l’épuisement total de leurs corps. Devant la raideur des poitrines, on en oublierait presque de respirer, et étrangement, ce ne sont pas les plans les plus « beaux » esthétiquement parlants qui provoquent le plus haut degré de griserie du spectateur.
- © DistriB Films
L’écueil majeur de Jig réside dans le dispositif adopté ; si l’idée de suivre des « portraits » de danseurs internationaux - de la petite Irlandaise modèle au Néerlandais d’origine sri-lankaise qui évacue sur la scène toutes ses contradictions d’adolescent ! - permet de donner une véritable progression (et une tension !) au récit, le système des interviews nous ramène dans le modèle du reportage, dont le sujet aurait pourtant bien pu se défaire. Autre problème du documentaire choral, la qualité et l’intérêt des portraits ne sont évidemment pas équivalents ; paradoxalement, cette pluralité ne permet pas un surcroît de recul critique, car le montage tend à aplanir les propos qui sont tenus, sans en mesurer toujours le caractère excessif ou tendancieux... Par sympathie pour ses personnages, le documentaire semble se refuser à trancher, notamment concernant certains parents, dont les penchants nerveux (mais pourtant décisifs dans cette atmosphère de compétition) ne font qu’à peine transparaître. En définitive, on regarde Jig pour ressentir comme un reflet du monde qu’il dépeint : un frisson d’excitation avant de s’élancer en piste. Et pour décoller du sol terrestre, ne serait-ce que l’espace d’un instant.
- © DistriB Films
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