Les enfants s’amusent
Le 23 janvier 2012
A la recherche d’une innocence perdue et d’une enfance estropiée...
- Réalisateur : Rolando Colla
- Acteurs : Armando Condolucci, Fiorella Campanella, Francesco Huang
- Genre : Drame
- Nationalité : Italien, Suisse
- Durée : 1h50mn
- Titre original : Giochi d'estate
- Date de sortie : 8 février 2012
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A la recherche d’une innocence perdue et d’une enfance estropiée...
L’argument : C’est le plein été au camping de Maremme en Toscane. Vincenzo et Adriana, un jeune couple, tentent de sauver une dernière fois leur mariage mis à mal par les épreuves de la vie. Nic, leur fils de 12 ans est incapable, comme son père, de maîtriser sa violence. Même s’il a su s’intégrer dans un petit groupe d’enfants, il n’arrive pas à exprimer ses sentiments pour Marie, une adolescente tourmentée par l’abandon de son père. Leurs vies vont changer à tout jamais, à la découverte de leur premier amour.
Notre avis : Même les pièges de la prédestination s’estompent sous le faible va-et-vient de la mer du Sud. Le temps d’un été, familles et couples s’accordent un semblant de répit, à défaut d’une bouffée d’espoir. Dans l’intimité d’une station balnéaire, Jeux d’été épie les faits et gestes des occupants des tentes et bungalows. La simplicité de leur quotidien est désarmante, mais sous cette apparente sobriété se cachent en fait les travers propres à chaque être.
Personnel et amer, Jeux d’été est une réalisation sincère, constellée de mélancolie. Le cinéaste Roland Colla (Le monde à l’envers, L’autre moitié) se confie, à travers cette oeuvre, sur son enfance tourmentée et la relation conflictuelle entretenue avec son père. Aux maux de l’adolescence se superposent les névroses du monde adulte, et les jeux d’été meurent jeux d’enfants.
L’inéluctable reproduction du canevas de l’éducation est tout aussi redoutable qu’implacable. Le jeune protagoniste, impuissant devant les multiples violences perpétuées par son géniteur, essaie tant bien que mal de s’oublier. Il s’invente une autre personnalité, un être singulier qui ne ressent rien, et ne souffre donc pas. Mais les ravages psychologiques de cette colère sourde sont irrémédiables. Le mal-être du jeune homme s’est enraciné en lui, jusqu’à faire part intégrante de son caractère.
Jeux d’été retrace également les balbutiements des premiers émois amoureux. Elle vient de Genève, lui d’Italie ; ils n’ont rien en commun si ce n’est un manque affectif qui les consume. Mais n’est-ce pas le propre de toute liaison sentimentale ? Sur cette plage de Toscane, les deux adolescents vont découvrir les tourments du coeur. Nic, incapable de s’affranchir de ses pulsions violentes, va trouver en Marie une catharsis inattendue. Le bruissement des roseaux couvre les éclats de leur idylle, et leur fin intervient presque comme un soulagement. La consolation d’êtres qui souffrent, sans vraiment comprendre pourquoi.
Loin de la Toscane fantasmée, Jeux d’été s’attarde sur des décors plus prosaïques et pourtant pourvus d’un charme teinté de nostalgie. Le long-métrage doit beaucoup à ses deux jeunes interprètes, notamment à Fiorella Campanella (Le scaphandre et le papillon), dont le sourire malicieux n’est pas sans rappeler celui de Keira Knightley.
Si le sésame que remporta Jeux d’été à la Mostra de Venise 2011 apparaît comme une consécration des plus cohérentes, la réalisation aurait néanmoins gagnée à être plus subtile et à se détacher encore du sujet traité. Une histoire ordinaire qui abandonne le spectateur sur le rivage, plein d’amertume, envers lui et envers les autres.
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