L’année de la méduse
Le 2 décembre 2003
Une œuvre flottante et languissante, comme son héroïne.


- Réalisateur : Kiyoshi Kurosawa
- Acteurs : Tadanobu Asano, Jō Odagiri
- Genre : Fantastique
- Nationalité : Japonais
- Editeur vidéo : Gaumont/Columbia/Tristar Home Video
- Festival : Festival de Cannes 2003

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– Durée : 1h32mn
– Titre original : Bright future
Une œuvre flottante et languissante, comme son héroïne.
L’argument : Mamoru, un jeune homme mystérieux, vit avec une méduse, créature à la beauté étrange et au venin mortel. Ces deux êtres solitaires attirent et piquent quiconque s’approche trop près. Lorsque Mamoru est arrêté pour le meurtre de son patron, Yuji, un adolescent sans repères, accepte de s’occuper de la méduse de son ami et de poursuivre la réalisation de son rêve : acclimater la méduse à l’eau douce pour la relâcher dans les égoûts de Tokyo.
Notre avis : Deux ans après Kaïro, conte post-apocalyptique, Kiyoshi Kurosawa revient avec un film s’apparentant à la fois au genre fantastique et au cinéma réaliste et social. Il creuse un peu plus son thème de prédilection, la jeunesse sans repères, rongée par l’ennui, plus encline à rêver son avenir qu’à le construire. Il s’intéresse ici particulièrement à l’impossible communication entre adultes et ados, lesquels dérivent du coup vers la recherche permanente de l’extrême, concrétisée ici par la violence gratuite.
Toutefois, Jellyfish n’est pas véritablement un film noir et glauque. La méduse, personnage central de cette œuvre étrange, est certes un catalyseur du malaise de Yuji, mais elle apporte également une touche de féerie et de magie. Cette créature fascinante, dotée d’une luminescence extatique, plonge ainsi le spectateur dans une poésie que Kaïro, plus sombre, ne possédait pas. Kurosawa exploite judicieusement l’aspect intimiste que confère son usage de la caméra numérique. On salue également la beauté de la photographie, habile alternance d’obscurité et de lumière blanche incandescente.
Malgré son originalité, l’ensemble manque parfois de liant. Le rôle joué par la méduse n’est pas toujours très clair, et l’analogie entre sa présence et les jeunes personnages du film est parfois loin d’être évidente. Paradoxalement, Kiyoshi Kurosawa est également trop bavard, introduisant une histoire de fantôme inutile dans le développement de son propos initial. Reste néanmoins un film ambitieux et original, à l’image de son héroïne, flottante et languissante.