Je suis un aventurier - Anthony Mann - critique

Critique : Quatrième opus des cinq longs métrages qui ont réuni Anthony Mann et James Stewart, ce film ne déroge pas à la recette, proposant grands espaces et parcours d’un aventurier peu scrupuleux.
L’histoire que l’on doit à Borden Chase, brillant scénariste spécialiste du western, nous emmène en Alaska parmi les chercheurs d’or. Plus encore que sur le territoire américain, cette région est un état sans foi ni loi... Enfin si, il y a bien une loi qui est personnifiée par le shérif de Skagway, Gannon (John McIntire). Celui-ci applique une politique toute particulière : il décide de pendre ou d’acquitter dans un saloon, devant une bouteille de whisky. A peine débarqué à Skagway, Jeff est jeté en prison sous prétexte qu’il n’a pas respecté l’ordre public, et est condamné à la pendaison, parce qu’il a fait traverser trop rapidement la ville à son bétail, qui lui est confisqué par la même occasion.

Le personnage interprété par James Stewart, est une nouvelle fois chez Mann, complexe et pas très sympathique. Toujours flanqué de Ben (Walter Brennan), vieux briscard édenté qui n’a pas son mot à dire, il ne veut pas se fixer, refuse toute forme d’amitié, se méfie de tous et a plutôt la gâchette facile. Malgré lui, il sera obligé de montrer sa bravoure.
Le film évoque les débuts d’une société organisée, voulue par la population qui souhaite faire cesser le règne des armes, veut bâtir une église, une école, mais aussi une prison et un tribunal. Les personnages comme Jeff n’ont pas d’autre choix que de se conformer à cette société, voire la défendre ou sinon être bannis ou subir une mort violente.

Le long métrage démarre curieusement sur un ton d’une comédie vaudevillesque : le personnage joué par James Stewart, recherché, va être caché dans le lit d’une belle femme, tout habillé avec bottes et éperons. Le film va ensuite s’épaissir et développer une vraie dramaturgie, quand les protagonistes quitteront Skaway pour les montagnes de l’Alaska.
Un élément étonnant ponctue l’histoire : le héros transporte, accrochée à sa selle, une petite clochette qui symbolise son rêve de ranch. Celle-ci sera posée sur la porte, pour annoncer les visiteurs. Cette clochette tinte en permanence quand il chevauche, puis le trahit, avant de lui sauver la vie.