Tu nous fais rire
Le 28 juin 2006
Autofiction fauchée qui vaut surtout pour l’humour à la fois féroce et attachant de son auteur.
- Réalisateur : Dante Desarthe
- Acteurs : Clément Sibony, Dante Desarthe , Colas Gutman, Valérie Niddam, Françoise Bertin, Rona Hartner, Micha Lescot
- Genre : Comédie
- Nationalité : Français
- Durée : 1h43mn
- Date de sortie : 28 juin 2006
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Résumé : Daniel Danite est cinéaste. Il déborde de théories à propos de tout et n’importe quoi. Il déteste la vidéo et les nouvelles technologies qui envahissent son art. Pourtant, quand on lui offre une petite caméra numérique alors que le tournage de son "grand film classique" est repoussé, il ne résiste pas longtemps à la tentation de l’utiliser. Mais comment faire une autofiction quand on ne veut rien montrer de sa vie privée ?
Critique : Après Fast (1995) et Cours toujours (2000), le troisième long métrage de Dante Desarthe surprend d’abord par sa forme. Filmé en DV, pour des questions économiques et pour une plus grande liberté, Je me fais rare n’était apparemment pas destiné à sortir sur grand écran. Mais alors, pour qui Desarthe a-t-il entrepris cette aventure domestique ? Au départ, sans doute pour lui-même, comme si le fait de se filmer représentait l’exutoire ultime, en plus de la possibilité infiniment jouissive de déblatérer toutes les théories fumeuses et tous les reproches fumant au sujet de la seule chose qui compte vraiment : le cinéma bien sûr. On pense alors évidemment à une sorte de régression adolescente de la part du cinéaste. Le fait est que Desarthe vide son sac et cela semble lui faire beaucoup de bien. Je me fais rare n’est rien d’autre qu’un film thérapeutique pour un cinéaste en crise, ce qui n’est déjà pas si mal.
Et le public dans tout ça ? Voilà bien le fond du problème de ce genre de démarche. Comment rendre universel un propos qui touche avant tout le milieu restreint du cinéma parisien ? Par le rire bien entendu. Cette autofiction est avant tout une autocritique mordante. L’alter ego de Desarthe est un monstre d’orgueil qui se cache derrière le masque d’un réalisateur intègre jusqu’au bout des ongles. C’est un faux Don Quichotte désespérément drôle, plus occupé à brasser du vent qu’à combattre réellement les moulins à vent. L’interprétation du cinéaste est si savoureuse qu’elle nous évoque immanquablement celles de Woody Allen et Nanni Moretti. Rien de moins.
Mais, comme son personnage le souligne lui-même, la DV c’est moche. Il n’y a rien à faire. Desarthe a beau confectionné quelques plans astucieux, son film souffre de son manque de moyens et son relief esthétique est quasiment plat. Reste la verve comique du cinéaste ainsi qu’une réflexion, alambiquée mais passionnante, sur la contamination du réel par la fiction. On est plus près ici d’Epidemic de Lars von Trier que des Clefs de la bagnole de Laurent Baffie.
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