Le 7 juin 2019

- Date télé : 7 juin 2019 21:10
- Chaîne : France 3
- Chanteur : Daniel Balavoine
Un bon documentaire sur le chanteur disparu en 1986. Le film fait alterner les témoignages de l’actuelle génération d’artistes et les images d’archives, le tout privilégiant une approche thématique.
News : Soirée chanson française sur France 3, avec la rediffusion du bon documentaire de Didier Varrod et Nicolas Maupied, qui évoque l’artiste à la voix aiguë et aux textes engagés, Daniel Balavoine, tragiquement disparu en janvier 1986. Le film revient, en quatre chapitres, sur le parcours de l’interprète révélé en 1978 par Le chanteur, dont la brève carrière a été couronnée par de multiples succès, qui témoignent, pour certains, d’une conscience des inégalités du monde et de l’urgence à agir pour les réduire. La forme classique fait alterner les interventions de la jeune génération d’artistes (Christine and the Queens, Orelsan, la Grande Sophie), de journalistes spécialistes de la chanson française comme Yves Bigot, de photographes comme Alain Marouani ou de la fille de Balavoine, Joana, qui expriment leur admiration pour le défunt, et des images d’archives qui suivent une chronologie plus ou moins évidente : de Daniel à Balavoine, de l’artiste qui galère dans l’ombre de Bashung et de Patrick Juvet, sort des premiers albums commercialement infructueux à tel point que Barclay, qui ne rigole pas avec l’argent, est sur le point de briser le contrat, au quasi trentenaire, enfin repéré dans la comédie musicale Starmania, avant d’exploser en solo.
Le film explore des aspects intéressants, comme l’absence de légimité de Balavoine dans la galaxie rock (un jugement sévère de Manoeuvre est là pour mettre les points sur les "i"). Passer dans des émissions ringardes présentées par Drucker ne vous classait pas d’emblée dans le même univers que Frank Zappa ou Iggy Pop. La vie sentimentale du chanteur passionne moins, parce qu’elle n’enfante pas des morceaux impérissables. Plus intéressante est la distance que Balavoine avait sur son propre métier et que le titre Vendeurs de larmes illustre de manière pertinente.
Le documentaire réserve aussi une large place aux interventions télé qui sont restées dans la mémoire populaire : ainsi, on revoit la séquence où l’artiste répond, dans une émission de Philippe Gildas, à un spectateur raciste, et on n’échappe évidemment pas à la colère de Balavoine sur le plateau du journal, en présence de François Mitterrand, moment tellement multi-rediffusé que son effet est éventé, même si l’agacement de l’invité a des accents sincères (un anti big up à Georges Marchais et Jean-Pierre Soisson, mais qui se souvient de ces deux hommes, aujourd’hui ?). Toutefois, Balavoine reconnaissant lui-même qu’il a plus "des sentiments politiques" que des idées, on ne peut pas dire que cette révolte soit articulée sur autre chose qu’elle-même et de vagues généralités frondeuses. Le chanteur est aussi révélateur d’une époque où le mot "sociétal" se substitue volontiers au terme "social".
Parfois, des artistes croient rendre hommage au disparu en reprenant ses chansons. Cali, par exemple, dont on aurait largement pu se passer (parole et musique). Mais globalement, ce film est ce qu’on a fait de mieux sur Balavoine. En même temps, il faut avouer que jusque-là, la concurrence des émissions hommages n’avait pas été féroce, question qualité.