On ne naît pas femme, on le devient.
Le 10 avril 2017
Le premier long-métrage de Maysaloun Hamoud brosse des portraits de femmes pleines de révolte, allant à l’encontre de l’ordre politique et social établi pour s’éclater vers des formes de liberté qui n’ont rien à envier à celles du monde occidental.
- Réalisateur : Maysaloun Hamoud
- Acteurs : Mouna Hawa, Sana Jammalieh, Shaden Kanboura
- Genre : Drame
- Nationalité : Israélien, Français, Palestinien
- Distributeur : Paname Distribution
- Durée : 1h42mn
- Titre original : Bar Bahar
- Date de sortie : 12 avril 2017
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Résumé : Layla, Salma et Nour, 3 jeunes femmes palestiniennes, partagent un appartement à Tel Aviv, loin du carcan de leurs villes d’origine et à l’abri des regards réprobateurs. Mais le chemin vers la liberté est jalonné d’épreuves…
Notre avis : Cette seconde moitié des années 2010 voit le cinéma – et particulièrement le cinéma oriental – s’emplir d’un désir de changement radical. Contre les guerres, les dictatures, les oppressions, les films discutent, contestent, déstabilisent parfois, tentent de montrer la réalité telle que les politiciens phallocentriques ont oublié de la voir. Je danserai si je veux est un de ces films.
- Copyright Paname Distribution
Au cœur d’un Tel Aviv assez calme mais tendu, trois jeunes femmes palestiniennes se retrouvent dans un même appartement : Laila, travailleuse et indépendante, Salma, une barmaid, et Nour, une étudiante. Apparemment, ces trois héroïnes sont des personnes tout ce qu’il y a de plus normale… à ceci près qu’elles sont palestiniennes, rongées par le conservatisme imposé par le patriarcat. Mais Laila, Salma et Nour ne sont pas des stéréotypes de la femme soumise, auxquels nous tendons encore beaucoup. Le film de Maysaloun Hamoud, très engagé, joue la carte du féminisme et de la subversion une heure quarante durant.
Laila et Salma ont en effet un goût très prononcé pour le monde de la nuit, la fête, la drogue et l’alcool. De nombreuses séquences les montrent s’enivrant de bière et de fumée de cigarette, dansant et chantant dans de magnifiques tenues… parfois jusqu’à l’excès. Nour est une femme plus réservée, plus « traditionnelle ». Elle porte le foulard, ne fume pas, ne boit pas d’alcool et fait la cuisine pour son fiancé, Wassim, un jeune homme au comportement quelque peu autoritaire.
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Il y a donc bien la volonté de montrer les moyens, les ambivalences et les ambiguïtés de l’émancipation féminine, dans une partie du monde où, sous prétexte de prédication divine, le machisme et le patriarcat font office de loi suprême. Ainsi, Je danserai si je veux met en scène la lutte d’une jeunesse féminine et féministe face à la dictature et à la performativité du genre imposées par la société patriarcale : Laila est amoureuse de Ziad, un jeune homme qu’elle juge pourtant trop traditionaliste, prisonnier de son éducation phallocratique. Salma est issue d’une famille conservatrice ce qui l’oblige à vivre clandestinement son homosexualité tandis qu’elle joue les petites filles modèles face à son père qui lui présente des hommes, souhaitant la voir mariée au plus vite (acte fort et courageux d’avoir introduit un personnage homosexuel !). Quant à Nour, elle n’ose répondre à son fiancé, violent verbalement et physiquement, ne parvenant pas à se libérer de l’emprise des hommes, comme y sont parvenues Laila et Salma. Mais la passivité est aussi une forme de résistance.
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Formidablement audacieux, libéré et libérateur, Je danserai si je veux n’en reste pas moins un film sobre qui ne tombe ni dans la démagogie ni dans l’extrémisme qu’il dénonce : en témoignent la justesse des actrices, la lumière douce les décors épurés, mis en scène dans un film somme toute assez peu découpé, fait de plans longs, de grands panoramiques et de jolis travellings.
Fille du printemps arabe et de la liberté, Maysaloun Hamoud est bien une cinéaste, politique mais pas politicienne, dont la position très clivante n’oublie pourtant pas de rendre justice à ceux qui le méritent. Y compris les hommes.
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