Le 24 septembre 2015
Une œuvre passionnante, relecture aride de La Prisonnière du désert et film d’auteur audacieux.


- Réalisateur : Lisandro Alonso
- Acteurs : Viggo Mortensen, Ghita Nørby
- Genre : Western
- Nationalité : Danois, Argentin
- Editeur vidéo : Blaq Out
- Durée : 1h50mn
- Date de sortie : 22 avril 2015

L'a vu
Veut le voir
– Sortie DVD : le 23 septembre 2015
Une œuvre passionnante, relecture aride de La Prisonnière du désert et film d’auteur audacieux.
L’argument : Un avant-poste reculé au fin fond de la Patagonie, en 1882, durant la prétendue « Conquête du désert », une campagne génocidaire contre la population indigène de la région. Les actes de sauvagerie se multiplient de tous côtés. Le Capitaine Gunnar Dinesen arrive du Danemark avec sa fille de quinze ans afin d’occuper le poste d’ingénieur dans l’armée argentine. Seule femme dans les environs, Ingeborg met les hommes en émoi. Elle tombe amoureuse d’un jeune soldat, et tous deux s’enfuient à la faveur de la nuit. A son réveil, le Capitaine Dinesen comprend la situation et décide de s’enfoncer dans le territoire ennemi pour retrouver le jeune couple. Jauja est l’histoire de la quête désespéré d’un homme pour retrouver sa fille, une quête solitaire qui nous conduit dans un lieu hors du temps, où la passé n’est plus et l’avenir n’a aucun sens.
Le film : Film bazinien par son goût du plan-séquence et de la profondeur de champ impressionnante, Jauja, qui pourrait à peu près se traduire par « pays de Cocagne », est aussi une réflexion profonde sur le vide métaphysique, autant que sur l’histoire du cinéma qu’il embrasse d’un même mouvement ; en effet, si le format et la frontalité renvoient aux temps archaïques, l’histoire emprunte à La Prisonnière du désert de Ford, mais la fin est d’une audace toute moderne. Il distille, dès le premier plan, avec le père ostensiblement filmé de dos, une « inquiétante étrangeté » que rien ne viendra dissiper ; en ce sens, renforcé par son refus d’expliquer autant que par son aridité et son hiératisme, il rattache Lisandro Alonso à toute une série d’expérimentateurs, bien dans le cadre du « nouveau cinéma argentin ». Ce film perturbant au charme hypnotique, écrit à la suite de l’assassinat d’une amie du cinéaste, a conquis la critique et 31589 spectateurs à sa sortie.
© Arte
La critique : ICI
Les suppléments :
La Liberté des fantômes est un essai de 42 minutes, un peu « à la manière de », qui donne surtout la parole au réalisateur. Mais ici, même si les propos et les analyses sont intéressants, la forme et ses images décalées paraissent artificielles.
L’image :
De toute beauté. La copie, dans sa précision et sa restitution des couleurs, rend hommage au travail éblouissant du chef-opérateur.
Le son :
Comme pour l’image, les deux pistes (2.0 et 5.1) s’attachent à retranscrire l’originalité de la prise de son avec efficacité : du souffle du vent aux dialogues, tout est limpide et dégage un naturel impressionnant.