L’île secrète
Le 6 mars 2008
Une œuvre mystérieuse qui n’évite malheureusement pas toujours la pose ni la complaisance.


- Réalisateur : Lisandro Alonso
- Acteur : Argentino Vargas
- Genre : Drame
- Nationalité : Argentin
- Festival : Festival de Cannes 2004

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– Durée : 1h18mn
Une œuvre mystérieuse qui n’évite malheureusement pas toujours la pose ni la complaisance.
L’argument : Un homme de 54 ans sort de la prison de Corrientes, en Argentine. Il veut retrouver sa fille devenue adulte qui vit dans une région isolée et marécageuse. Pour y accéder, il lui faudra parcourir de grandes distances sur une petite embarcation sillonnant les cours d’eau à travers une jungle impénétrable. Vargas est un homme silencieux et retenu, qui possède la réserve de ceux qui côtoient la nature de près. Il se dégage de lui, des lieux qu’il parcourt et des gens qu’il croise un profond mystère émanant de ce monde immuable et resté presque intact après ses longues années d’incarcération.
Notre avis : L’introduction est saisissante : ambiance sensuelle, végétation abondante, caméra floue. Au milieu de cette agitation, deux cadavres avec des trous rouges au côté droit. Générique, l’histoire peut commencer. Le film, elliptique et instinctif, met en scène un homme énigmatique et peu loquace à la recherche de son passé. Toutes les scènes du début dans la prison tendent à illustrer les frustrations de l’individu : l’ennui, l’attente, l’angoisse de la réacclimatation, l’envie dévorante de baiser, de revoir sa fille... Pour combler ces manques, il se tait, sirote son maté, fait gentiment son travail et aligne les clopes. Pas un mot de plus. Puis, la libération, enfin ; et le retour à l’état sauvage, en allant sur une île, à la recherche d’un visage perdu. Sauf que la nature est si belle et si dangereuse qu’elle peut parfois réserver de mauvaises surprises...
Quête rédemptrice, symboles aqueux, perte de l’humanité, démons du passé, mythe de l’île, eau purificatrice... Cinéaste de l’extrême, Alonso supprime radicalement les codes de narration pour signer une lourde parabole sur un pays sinistré et une radiographie peu subtile de la bestialité enfouie en chacun de nous. L’importance accordée à l’observation et aux détails se retourne contre le propos du film et le réalisateur confond transcendance du quotidien et transcendance du néant.