Le 12 février 2021
Un documentaire sensible, pour dépeindre la force des liens qui se tissent entre ceux qui confient des archives personnelles au Memorial de la Shoah et ceux qui les reçoivent.
- Réalisateur : Ludovic Cantais
- Genre : Documentaire
- Nationalité : Français
- Distributeur : Vendredi Distribution
- Durée : 1h19mn
- Date de sortie : 13 novembre 2019
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Résumé : Chaque semaine, une équipe de bénévoles du Mémorial de la Shoah à Paris recueille des témoignages et collecte des archives personnelles des déportés et de leurs familles. « J’aimerais qu’il reste quelque chose » va à la rencontre de ceux qui racontent et donnent, ainsi que de ceux qui écoutent et reçoivent. Au fil des entretiens, au détour d’une histoire, s’affirme l’indélébile présence des absents.
Critique : Alors qu’il travaille comme documentaliste au Mémorial de la Shoah, Ludovic Cantais, spécialiste de ce qu’il nomme lui-même « l’archéologie contemporaine », découvre l’existence de la permanence photographique animée par des bénévoles qui reçoivent des familles juives, désireuses de faire don d’objets personnels, soit parce qu’elles n’ont pas d’héritier, soit parce qu’elles n’ont pas confiance en leurs héritiers, soit, lorsqu’il s’agit de documents, pour laisser un double et garder l’original ou vice-versa. Rendre compte de ces moments fragiles et fugaces où l’intime se mêle au collectif devient, pour lui, une nécessité impérieuse.
Alors que 10% de la population affirme n’avoir jamais entendu parler du génocide des juifs, chiffre qui s’élève à 21% chez les 18/24 ans, il est impératif de trouver le meilleur angle pour parler de la Shoah. Il choisit alors de traiter de manière universelle de la transmission de la mémoire, s’appuyant autant sur le collectage des archives, leur indexation, leur classement, que sur le portrait de ces petites mains bienveillantes que ce sont les bénévoles, qui œuvrent avec amour et respect à la sauvegarde de cette mémoire. Délaissant toute idée de démonstration conformiste, il privilégie la vivacité du témoignage humain, tendant le plus sobrement possible vers une certaine objectivité. La caméra se fait discrète pour créer un dispositif intime propre à installer une délicate relation de confiance et de respect entre donneurs et receveurs de mémoire, tandis que le choix d’interviews filmées frontalement, de manière à présenter les deux personnes dans le même cadre dégage une incroyable spontanéité.
- Copyright vendredi distribution
Le film met en avant les qualités d’humilité nécessaires à ceux qui sont en charge de cette mission assurément honorifique. Ils récoltent et manient avec une minutie et une attention étonnante, un tact indispensable, les objets qui leur sont confiés, comme le montrent les scènes où leur est remis un brassard d’un camp à Clermont-Ferrand, ou la visite des réserves où sont mesurés les souvenirs avant d’être archivés. Au-delà du dévouement et de la sollicitude des bénévoles du Mémorial, toute une palette de sentiments se décline à travers ces dons, de la part de ceux qui se séparent d’objets ou de documents. De l’émotion à l’impatience, de la légèreté à la colère, ressuscitent sous nos yeux des histoires que l’on croyait enfouies à tout jamais, des événements soudainement redevenus tragiques, qui participent ainsi à la mise en perspective de l’histoire, non plus personnelle, mais de de la grande Histoire. La richesse de ce documentaire historiquement passionnant et intensément humain, qui n’est ni un film sur la Shoah ni celui sur le travail des historiens, se complète d’une subtile interrogation sur les rapports entre mémoire et Histoire, données complémentaires qui se nourrissent l’une de l’autre. Un document fort, dont il devrait à coup sûr, rester quelque chose.
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