Au hasard Balthazar
Le 23 avril 2003
Les derniers pas de Balthazar vers l’âge adulte. Un petit chef-d’oeuvre de pertinence.


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Les derniers pas de Balthazar vers l’âge adulte. Un petit chef-d’oeuvre de pertinence.
Balthazar a dix-sept ans, l’âge où l’adolescence s’effrite douloureusement. Un peu d’exaltation, quelques faux-fuyants, des tonnes de morgue feinte, une bonne dose de forfanterie, des arrière-goûts de romantisme, un sens certain de l’absurde, un dégoût de la normalité, des accès de lucidité : il peine à "s’apprivoiser". Du mauvais côté de la planche savonneuse de l’âge adulte, un père accablé qui lui parle de son avenir, une mère douce et probablement compréhensive. Mais les soucis de Balthazar ne sont pas du même ordre et sa vie est ailleurs. Avec Laure, avec sa cousine Jeanne, avec Valentin, baisers tremblés, découverte de la douceur de la peau de l’autre, petits moments d’infini.
Balthazar se fabrique cahin-caha. Quelques mois scandés par les vacances au bord de la mer, le retour au lycée, la première manif, la rencontre avec Thomas, son autre lui-même... En quarante-deux fragments de vie emplis de poésie maussade, d’humeurs changeantes, de vagabondages cérébraux et de délicieuse ironie, Cédric Érard nous emmène au temps de la peur du vide, de la découverte de soi, de l’attirance des corps et de l’amour qui n’ose pas dire son nom. Peau contre peau, Balthazar et Thomas n’auront pas sommeil ensemble. Un petit chef-d’oeuvre de pertinence, doucement provoquant.
L’extrait "Le vacarme du monde m’étourdissait, mon esprit côtoyait les abîmes, je trouvais la vie tellement brutale, parfois, j’aurais voulu naître autrement, ne pas trembler autant - mais je sais à présent que j’ai la porosité des falaises. […] Sur le port, au petit matin, je goûtais le plaisir absurde d’être au monde. Je regardais les gens. Je traquais tout, inlassablement, la démarche des passants, la rumeur triste des vies immobiles, les bruits du comptoir, l’odeur des bateaux, je voulais essayer de comprendre et, surtout, être sûr de ne jamais arrêter de bouger sur la photo." |
Cédric Érard, J’ai pas sommeil, L’École des Loisirs, coll. "Médium", 112 pages, 9 euros
À partir de 14 ans