Le 12 novembre 2023
Polanski revient avec un grand film où il démontre une nouvelle fois la puissance de la mise en scène et de la conduite d’acteurs au service de la réhabilitation légitime d’Alfred Dreyfus. Prenant et porté par des comédiens exceptionnels.
- Réalisateur : Roman Polanski
- Acteurs : Wladimir Yordanoff, Didier Sandre, Denis Podalydès, Emmanuelle Seigner, Jean Dujardin, Louis Garrel, Mathieu Amalric, André Marcon, Melvil Poupaud, Michel Vuillermoz, Laurent Stocker, Éric Ruf, Grégory Gadebois, Bruno Raffaelli, Hervé Pierre, Damien Bonnard
- Genre : Film de procès, Drame historique
- Nationalité : Français
- Distributeur : Gaumont Distribution
- Durée : 2h12mn
- Date télé : 25 juin 2023 21:10
- Chaîne : France 2
- Date de sortie : 13 novembre 2019
- Festival : Festival de Venise 2019
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Résumé : Pendant les doze années qu’elle dura, l’Affaire Dreyfus déchira la France, provoquant un véritable séisme dans le monde entier. Dans cet immense scandale, le plus grand sans doute de la fin du XIXème siècle, se mêlent erreur judiciaire, déni de justice et antisémitisme. L’affaire est racontée du point de vue du colonel Picquart qui, une fois nommé à la tête du contre-espionnage, va découvrir que les preuves contre le capitaine Alfred Dreyfus avaient été fabriquées. A partir de cet instant et au péril de sa carrière puis de sa vie, il n’aura de cesse d’identifier les vrais coupables et de réhabiliter Alfred Dreyfus.
Critique : Quand on évoque l’affaire Dreyfus, on a du mal à penser qu’elle a précédé de presque cinquante ans ans la barbarie nazie et européenne, qui a massacré des milliers de personnes juives. En fait, cette erreur judiciaire emblématique a marqué l’Histoire, pour la raison principale qu’elle ne constitue pas une anecdote dans l’univers militaire. Elle raconte la plaie de l’antisémitisme qui étrangle la France. Les discours rapportés dans le film déplorent un pays qui aurait perdu son identité nationale, au profit d’un prétendu envahissement d’étrangers. En l’occurrence, à l’époque, les prétendus étrangers sont juifs. Mais les discours terrifiants résonnent d’une étonnante modernité. Polanski, en choisissant la figure mythique d’Alfred Dreyfus, a pour ambition de raconter, non pas ses propres affres judiciaires comme on voudrait le croire, mais la tyrannie antisémite et plus largement raciste qui secoue le monde occidental.
- Copyright Gaumont
J’accuse réécrit les tourments obsessionnels de Roman Polanski. Depuis que le réalisateur fait du cinéma, il tente de résoudre le traumatisme infantile qu’il a subi lors de sa fuite du ghetto de Cracovie. L’homme ne s’en remettra jamais et le cinéaste essaye de réparer une injustice humaine et sociale dont il ne parvient jamais à se sortir. Polanski choisit Dreyfus, qui constitue une sorte d’emblème dans l’antisémitisme et préfigure déjà les deux grandes guerres qui défigureront l’Europe. L’écrivain Zola, dont tout le monde connaît le fameux cri dans le journal L’aurore, n’est surtout pas le centre du film. Le récit s’intéresse au colonel Picquart qui parviendra à dénoncer les fausses preuves ayant conduit les juges à condamner Dreyfus. Le film fonctionne comme un récit policier où, petit à petit, le scandale du mensonge d’État devient évident.
- Copyright Gaumont
Il est impossible de parler de J’accuse, sans rendre hommage à l’interprétation exceptionnelle des comédiens. Jean Dujardin crève littéralement l’écran. Il incarne le colonel Picquart, qu’il parvient à hausser au rang des héros de la nation française. La complexité psychologique et politique du personnage est magnifiquement rendue. On perçoit le combat intérieur et le conflit de loyauté qui l’étreint au fur et à mesure qu’il découvre les manigances du pouvoir et de l’institution militaire. Il est évidemment aidé par une palette d’acteurs qui assument des rôles parfois difficiles, avec intégrité. Le film ne souffre jamais de démagogie et l’on sent que les comédiens ont tenté de rétablir la justice sur l’une des pires iniquités de la fin du dix-neuvième siècle. Le long métrage fait presque figure d’œuvre militante.
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Pour autant, J’accuse pourra intéresser le plus grand nombre des spectateurs. Le récit fonctionne comme une aventure historique qui retient le souffle du public et il est porté par une énergie remplie de passion. Les deux heures passent très vite. Roman Polanski réussit formidablement à faire oublier les scandales qui l’entourent, au seul bénéfice d’une fresque historique, puissante et pleine de fougue.
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