Young Lust
Le 16 juillet 2013
Un premier jet amène sur un sujet trop souvent mal abordé. La performance de la troupe de comédiens amateurs et la sobriété de la mise en scène rendent honneur à la cinéaste.
- Réalisateur : Eliza Hittman
- Acteurs : Gina Piersanti, Giovanna Salimeni, Ronen Rubinstein
- Genre : Drame
- Nationalité : Américain
- Durée : 1h22mn
- Date de sortie : 17 juillet 2013
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Un premier jet amène sur un sujet trop souvent mal abordé. La performance de la troupe de comédiens amateurs et la sobriété de la mise en scène rendent honneur à la cinéaste.
L’argument : Lila, jeune fille solitaire et renfermée traine son ennui dans un quartier du sud de Brooklyn. L’été de ses quatorze ans, elle s’attache à Samy, petite frappe plus âgée, rencontrée sur la plage de Rockaway, qui ne lui prête guère d’attention. Cherchant à se faire valoir auprès de ses amis, Lila s’invente une histoire d’amour avec Sammy et s’enfonce peu à peu dans le mensonge jusqu’à prétendre avoir couché. Dans sa quête confuse, Lila prétendument prédatrice deviendra progressivement une proie.
Notre avis : Le cycle du flux et du reflux de la marée peut sans mal s’amalgamer aux élans sourds du désir adolescent. Lors du pénible passage à l’âge adulte, il gronde diffusément dans le bas-ventre de celui qui le subit. N’est-il pas étrange que cette expérience universelle soit réprimée par nos inconscients respectifs ? Balayés par notre sens du savoir-être et une pudeur nouvelle, ces élans lascifs ne deviennent rapidement rien de plus qu’un vague souvenir embarrassant. Afin de nous rappeler le sens même de ces élancements naturels, le septième art s’est emparé de ces appétits charnels et les a traduits à l’écran.
Mélanges aigre-doux d’embarras et de gêne, les premiers émois sexuels ne s’apparentent jamais aux glorieuses jouissances fantasmées. Ces petites morts de l’âme ne pourront se faire pardonner. Elle demeureront toujours sous la forme de pâles fantômes insatisfaits. D’ailleurs, l’espace d’un instant, Lila, la protagoniste principale, revêt le costume immatériel de l’un de ces spectres inassouvis. Le visage barbouillé de crème solaire, la jeune fille de quatorze ans à la mine boudeuse barbote les pieds dans l’eau. Submergée d’ennui, elle joue les clowns tristes sur la plage de Rockaway. Le regard chargé de convoitise, l’adolescente épie avidement l’une de ses amies, aux prises avec un jeune Roméo.
Notre héroïne ingénue, malmenée par de saines mais indomptables envies, va alors s’enticher d’un mauvais garçon plus âgé qu’elle. A travers les yeux de la cinéaste et fatalement l’objectif de sa caméra, le spectateur voit naître une sensualité dans la perception du monde de Lila. Le dos musclé de Sammy, ses mains puissantes, ses yeux pénétrants, exercent un attrait animal sur l’impulsive jeune fille. Ses allées et venues n’intéressant personne, elle se laisse bercer par le doux rêve d’être possédée et de posséder elle-même se faisant. On ne peut qu’avoir le cœur serré en assistant à la chute, dangereuse et titanesque, du personnage de Gina Piersanti. Une avalanche de désillusions renverse la jeune fille, qui reste, prostrée, dans une position de martyr.
Aussi âpre dans son sujet que dans sa construction, It felt like love est un constat glacé sur l’appréhension de la sexualité. Dès leur plus jeune âge, les adolescents attestent de schémas de pensée absurdes, inculqués par une société répressive et un corps familial borné. Les garçons pensent assoir leur virilité en forçant l’intimité de jeunes femmes, et ces dernières s’essaient à combler un manque affectif en écartant les cuisses. La vaine tentative de personnes saines d’exprimer une soif charnelle se soldera par un cuisant échec. A genoux devant trois jeunes adultes brandissant leur virilité turgescente, le cœur gonflé d’une tristesse inextinguible, Lila devra se résoudre à accepter que, décidément, « L’enfer, c’est les autres ».
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