Le 8 juin 2018
Le sémillant danseur de Flamenco, Israel Galvan, frappe du talon sur la scène de la Grande halle de la Villette. Avec Fiesta, spectacle icônoclaste, il célèbre librement sa fête en revisitant le chant (cante) et la danse (baile) du patrimoine andalou.
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Résumé : Danseur de flamenco hors norme, habitué à dompter son corps à l’extrême, Israel Galván s’engage dans une nouvelle forme de relation au corps avec une pièce chorale inédite qui a fait sensation au dernier Festival d’Avignon. « Je crois que la fête est à la fois l’expression et la nécessité de ma culture. »
Notre avis : La fiesta d’Israel Galvan ressemble aux after qu’il a connu enfant lors-qu’après la représentation, ses parents danseurs et les autres artistes se retrouvaient entre eux pour fêter la nuit. On y essayait des pas nouveaux, on s’y expliquait, riait, pleurait, réconciliait et chantait intensément sans soucis du public. Le souper à peine mis de côté, le petit Israel faisait à son tour le show debout sur les tables. C’est le souvenir de cette ambiance de partage familial qui a inspiré ce spectacle où chacun s’est mis à l’aise, costumes de scènes défaits. Israël Galvan, le fier espagnol, entre en scène en descendant les gradins sur les fesses, sifflet en bouche, tandis que les convives de sa troupe mettent l’ambiance sur scène, habillés comme à la maison, en survête à bandes ou en slip pour le chanteur Niño de Elche. Cette première scène annonce la pantalonnade qui suit. En levant le rideau sur cette coulisse de sa vie, Galvan semble vouloir également en profiter pour trouver la liberté de déconstruire son savoir pour le moderniser plus encore.
- Jean-Louis Duzert _
La musique, si elle est de couleur traditionnelle, est en fait une succession d’onomatopées et de fractionnements. Les chants restent pour autant magnifiques, les timbres de voix sont beaux, la troupe intéressante, authentique, hormis la jeune femme qui fredonne en surimpression ses airs d’opéra en allemand, tous sont formidables. Galvan et un autre danseur montent sur les tables, les renversent. Ils crachent des pop-corn, souffrent comme des pleureuses, jouent tour à tour. Le spectacle accumulent les recherches. L’ennui de ce dispositif vient poindre car personne ne saurait réussir entièrement autant de scènes inventives à l’exception de Pina Bausch. Le spectacle musical glisse vers la performance et emprunte à ce nihilisme de la forme classique qui est le mot de désordre de nombreux artistes contemporains.
- Jean-Louis Duzert
Galvan, le centaure, frappe de ses sabots ferrés tous les plateaux (zapateado). Il est tout simplement extraordinaire. Il est grâce par les gestes de ses bras et force par la puissance de ses jambes. Mais même si on l’adore, il n’empêche qu’au fur et à mesure, on peine à trouver un sens et à apprécier cette accumulation d’explorations musicales et chorégraphiques, comme un tout admirable. On s’épuise en tant que spectateur dans ce reniement systématique et volontairement décousu de l’évidence du beau.
- Jean-Louis Duzert
Vient sur cela, le final qui incarne toute l’ambiguïté de l’émotion provoquée par cette Fiesta. Galvan, dans un solo véritablement fantastique n’en passe pas moins de danseur sublime à enfant capricieux qui ne sait pas arrêter sa crise de nerfs. A ses côtés, Niño de Elche s’égosille insupportablement, le micro enfoncé jusqu’aux amygdales. On prie d’être rapidement épargné et que la lumière s’éteigne enfin pour quitter les lieux, comme d’autres le font déjà sans attendre. Si il faut à tout artiste l’ambition d’inventer, celle de réveiller, est-ce encore un procédé suffisant que de fêter l’obsolescence des formes traditionnelles jusqu’à l’excès ? La fête, si bien commencée, finie difficilement comme quand on a trop bu de Cava et que l’ivresse cède au mal de tête pour avoir dépassé la limite.
A voir, à lire, à aimer de toute façon parce que même agaçant il reste attachant de génialitude* !
*Attitude de génie
Conception, direction artistique, chorégraphie : Israel Galván
Direction musicale : Israel Galván et Niño de Elche
Avec Eloísa Cantón, Emilio Caracafé, Israel Galván, El Junco, Ramón Martínez, Niño de Elche, Alejandro Rojas-Marcos, Alia Sellami, Uchi et le Byzantine Ensemble Polytropon
Dramaturgie : Pedro G. Romero
Création lumières : Carlos Marquerie
Collaboration à la mise en scène : Patricia Caballero et Carlos Marquerie
Assistant à la mise en scène : Balbina Parra
Scénographie : Pablo Pujol
Création sonore : Pedro León
Costumes : Peggy Housset
Coordination artistique : Carole Fierz
Galerie Photos
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